24 Fevrier 2022- Obsèques de Robert Chatard
Sergent-chef Robert Chatard,
Mon compagnon de la Légion d’Honneur.
Mon cher ami Robert
Je te tutoie car nous l’avons toujours fait depuis que nous nous connaissons. Car je t’ai immédiatement considéré à la fois comme mon ancien sous les armes et comme un véritable grand frère. Cela a commencé en 2001alors que j’étais président du Comité de Montpellier de la Société des membres de la Légion d’Honneur et que tu en étais le porte-drapeau à ma demande. Cela vient de ton ouverture d’esprit et de cœur. Du fait aussi que ta charmante épouse Marguerite, qui nous a quitté il y a 13 ans, avait le même âge que moi et que nous étions, elle et moi, nés tous les deux en Indochine. Il y avait donc une certaine proximité de cœur !
Je profite de ce passage pour dire combien mon épouse Anne-Marie, ma petite sœur Marguerite et son mari Gabriel, et tous nos amis anciens du Vietnam, sommes profondément accablés par ton départ après celui de ton épouse, ainsi que par le décès de ta petite dernière fille Marie-Christine, à la santé très fragile, il y a huit ans. Ta vie, Robert, se divise en deux parties. La première est consacrée passionnément au service de la France. La deuxième, tout aussi intensément, tu la consacreras à ta famille.
Tu mèneras successivement les deux périodes avec une même passion et même courage
Robert, tu es né en novembre 1927 à Lyon. Le 3 février 1946, âgé de 19 ans, tu t’engages dans l’armée. En début de 1947 on t’envoie en Indochine où depuis 1946 les Vietnamiens, les armes à la main, réclament à la France leur indépendance. Tu pars avec le 1er Bataillon de Choc. Tes débuts courageux te valent une première citation à l’âge de 20 ans. Cette distinction, qui récompense un fait d’arme important au combat, montre déjà ton caractère bien trempé et ton courage. Des qualités qui vont être constantes dans ta vie comme on le verra. Après 2 ans de séjour à guerroyer incessamment dans les rizières et la jungle indochinoises, tu rentres en France.
Tu vas profiter pour passer ton certificat de Transmetteur pour valoriser ton état de soldat. Puis en 1950 tu repars pour l’Indochine où tu seras affecté au 10ème Bataillon Parachutiste des Chasseurs à Pied. Au cours d’un combat tu te portes volontaire pour aller récupérer des blessés en zone ennemie. Tu participes à plusieurs opérations aéroportées particulièrement dangereuses, dans le delta du Tonkin. Le 16 août 1952 tu es affecté comme sergent au 57ème BCP. Pour avoir encore une fois récupéré à toi seul, au mépris de ta propre sécurité, et avec un courage inouï, un groupe de camarades bloqués par l’ennemi. Tu reviens au campement avec le poste radio, détruit dans ton dos par des balles. Tu l’avais échappé belle ! Tu reçois une troisième citation. Le 17 juillet tu sautes en parachute sur Langson dans le nord de l’Indochine, pour un long combat acharné à l’issue duquel des véhicules, des armes et de munitions sont récupérés dont 1000 fusils mitrailleurs.
Le 21novembre 1953 tu sautes sur Dien Bien Phu. Tu participes au nettoyage de la position, au recueil des bataillons Thais venant de Laichau. Tu participes aussi à de nombreuses actions dont une périlleuse liaison entre Dien Bien Phu et le Laos pour soutenir un poste tenu par les Tabors Marocains. C’est au cours de ces missions que tu tombes très gravement malade et on doit t’évacuer. Tu vas ainsi échapper aux derniers et durs combats de Dien Bien Phu.
Toute ta vie tu vas garder un regret douloureux de n’avoir pas été à côté de tes camarades dans ces combats effroyables et aux sacrifices consentis par tant de tes frères d’armes…Tu pars donc pour la Métropole, accompagné de ta toute jeune femme indochinoise, Marguerite et ta fille aînée Marie-Agnès. Car tu t’étais marié en 1952 ayant rencontré Marguerite, une petite Indochinoise à peine âgée de 16 ans. Un âge qui me rappelle personnellement quelque chose car moi-même, je suis né alors que ma mère, elle aussi Indochinoise avait 17 ans !
Après ta convalescence, tu repars pour l’Algérie, au 2ème RI avec lequel tu participes à la bataille d’Alger.
Au cours d’une opération héliportée alors que tu portais secours à ton transmetteur, une rafale d’arme automatique atteint gravement ton bras gauche, provocant d’énormes blessures. Sentant tes forces décliner rapidement tu as eu juste le temps de remettre le commandement à ton adjoint avant de t’évanouir. On te ramasse et un hélicoptère t’embarque. Pendant l’évacuation tu reçois une deuxième balle dans la jambe gauche.
Tu es évacué sur l’hôpital Maillot à Alger puis à l’hôpital de Lyon le 12 mai 1958. Un soir tu entends parler d’amputation. Avec la complicité d’une infirmière compatissante, tu trouves un avion pour rejoindre ta femme et tes enfants restés à Philippeville. Mais on te renvoie de nouveau à l’hôpital Maillot où tu resteras jusqu’en décembre 1959 car tes blessures n’étaient pas guéries !
Pendant encore 18 mois tu vas subir au moins 10 opérations. Tu auras passé 23 mois à l’hôpital ! C’était douloureux, même pour un guerrier comme toi ! Tu es désormais un homme au physique fracassé et désormais handicapé à vie. Comme tu ne peux plus servir, on te mettra à la retraite le 1er juillet 1969.
Mais tu ne t’avoueras pas vaincu. Tu vas te battre de nouveau pour un autre objectif. Cette fois-ci tu vas te battre pour ta propre famille. Et dans ce nouveau combat, qui sera aussi une belle page de ta vie, tu as la chance d’avoir à tes côté un petit bout de femme, Marguerite, douce, aimante mais énergique.Tu es aussi entouré déjà d’une demi-escouade de petits eurasiens qui ne demandent qu’à grandir et à s’accomplir. Ce seront l’aiguillon principal de ton combat. Alors tu vas t’essayer à plusieurs métiers pour nourrir ce petit monde.
D’abord comme employé aux écritures à la compagnie de Navigation Mixte de Philippeville. Puis rentré en métropole tu vas continuer à bosser, tout en suivant des cours par correspondance pour passer le concours d’Agent Administratif. Tu vas ainsi obtenir un poste d’intendant d’un lycée à Besançon. Puis muté à Ceret, tu assures le secrétariat de la Directrice du lycée. Ensuite, tu viens à Cournonterral et travailles à la comptabilité du CROUS de Montpellier comme Agent Administratif Principal !
Tu ne t’arrêtes jamais ! Tes enfants sont grands, ils ont commencé à se débrouiller. Certains trouvent déjà un emploi. Il y en a même un qui a rejoint les parachutistes !
Tu prends ta retraite définitive en 1987. Tes enfants sont élevés dans une grande maison que tu as construite toi-même aidé par les plus âgés.Tu étais très fier de tes 8 enfants et 13 petits-enfants et 13 arrières petits-enfants. Sans compter les conjoints et compagnons de ces deux générations !!
Marguerite a reçu la Médaille de la Famille française pour ce dernier exploit !! C’était elle qui était décorée, mais aujourd’hui, les conditions ayant changées, tu aurais partagé avec elle cette distinction !! Comme je l’ai dit, tu étais porte-drapeau de la Société de la Légion d’Honneur de Montpellier lorsque j’en étais le président.
Combien de fois on me posait des questions sur « cet homme couvert de médailles ». De cette façon tu as continué de servir car tu as valorisé ainsi les titulaires de cette magnifique décoration qu’est la Légion d’Honneur !
Je rappelle que tu étais Officier de la Légion d’honneur.
C’est le 14 juillet 2008, que tu as reçu cette rosette des mains de ton ami, l’adjudant-chef Jean-Bernard Monchotte, ancien de Dien Bien Phu, Commandeur de la Légion d’Honneur. Les dernières années de ta vie, passées dans un Ehpad, ont été plus calmes, peut-être un peu trop ! Combien de fois, ces derniers temps avons-nous passé de longs moments sans échanger un seul mot lorsque je te rendais visite ? Mais tu étais entouré et suivi de très près par tes enfants avec une affection et une constance qui méritent d’être mentionnées. Surtout dans ces derniers mois.
Aujourd’hui pour te dire adieu les amis ou compagnons qui t’ont côtoyé dans l’une ou l’autre vie sont réunis pour te prouver leur attachement.
Tes amis parachutistes sont présents. Aussi bien, ceux d’aujourd’hui, comme les jeunes et fringants représentants du 1er RCP que les retraités. Et avec eux des membres de la Société de la Légion d’Honneur ainsi que des autres associations militaires dont tu étais adhérent et qui sont aussi les frères d’armes car faisant partie d’une même Armée de la France.
Il y a aussi tes autres amis, notamment le groupe des amis nés au Vietnam ou qui y ont séjourné et qui sans être de la maison « Armée » t’ont offert également leur amitié !
Tes enfants ont souhaité qu’un aumônier militaire préside cette cérémonie. Ce sera chose faite aujourd’hui car nous aurons la présence notre ami, le père Philippe Regeard du Cormier, que tu as rencontré lors d’une réunion chez moi et qui t’a visité à l’Ehpad il y a peu. Nous l’en remercions vivement.
Nous sommes tous là donc, pour toi bien sûr, mais aussi pour soutenir ta famille.
Fidèles et solidaires. Nous te disons : « Cher Robert, repose en paix ! »
Cournonterral, le 24 février 2022
Paul de Lartigue
Officier de la Légion d’honneur
15 Janvier 2022- Obsèques de Robert ROY
Notre camarade Robert nous a quittés ce matin dans sa quatre-vingt-douzième année. 17 porte-drapeaux étaient rassemblés pour honorer sa mémoire. Ancien d'Indochine et d'Algérie, il avait tenu cette fonction pendant 30 ans.
Voici les derniers mots qui lui ont été adressés comme éloge funèbre :
Notre camarade Robert est né le 15 juin 1929 à Salins-les-Bains dans le département du Jura, dans une famille de tradition militaire.
C’est en en avril 1952 qu’Il s’engage au Régiment de marche du Tchad et rejoint la maison mère des Troupes de marine à Fréjus pour suivre un peloton de mécanicien-dépanneur du GITdM.
Fréjus, un endroit mythique auquel il restera attaché toute sa vie. Il y reste en formation durant une année.
Début 1953, volontaire pour le bataillon de Corée, il débarque finalement en Indochine, séjour qui marquera profondément son existence. Il y effectue un séjour de deux ans, jusqu’en mars 1955 comme conducteur et pilote d’embarcation fluviale au Groupe mobile n°7, secteur de Thai Binh, dans le delta du Fleuve Rouge en aval d’Hanoï. Là, dans les arroyos, il vit l’aventure qui n’est pas sans rappeler celle du « Crabe-Tambour » que nous connaissons grâce à Pierre Schoendorffer. Il est nommé caporal le 1er avril 1954.
Le 30 juin 1954, conducteur d’un GMC participant à une ouverture de route, son véhicule saute sur une mine. La photo prise alors laisse découvrir un spectacle apocalyptique, son véhicule est pulvérisé. Il est blessé, criblé d’éclats, mais s’en sort miraculeusement. Monte dans l’ambulance qui échappe un peu plus loin encore à une autre explosion.
Le 30 novembre 1954, il est cité à l’ordre de la division dans d’autres circonstances :
« Sous-officier dévoué et courageux qui s’était fait remarquer comme pilote du bateau Mytho le 10 avril 1954 en ravitaillant de nuit le poste de Dong Cong (Nord Vietnam) et le 12 avril 1954 en y évacuant un blessé, malgré une forte réaction des rebelles qui investissaient ce poste. S’est particulièrement distingué le 30 juin 1954 en assurant les dernières destructions du secteur Thai Binh (Nord Vietnam) et en réussissant à rejoindre les éléments amis malgré une forte embuscade à Hoi Khe au cours de laquelle il a eu une conduite digne d’éloges ».
L’armée française est en train de quitter l’Indochine. Rapatrié vers Marseille, en 1955, il est nommé caporal-chef en juin et est affecté au 23ème RIC, à Miliana-Orléansville, entre Alger et Oran.
Sergent en 1958, il poursuit son séjour dans des services de renseignement jusqu’en 1959, puis quitte l’Algérie directement pour rejoindre le 33èmeRIMa en Guadeloupe durant quatre années. Il y obtient son certificat interarmes en 1961, confirmant son aptitude au grade de sous-officier.
Rapatrié en 1963, il rejoint la 36ème Compagnie de camp à Nîmes où il est nommé sergent-chef en janvier 1965. Il reste dans cette affectation jusqu’en avril 1967, année où, approchant la limite d’âge de son grade, il doit faire valoir ses droits à la retraite après quinze années de service.
Après cette courte mais intense carrière dans l’armée, Robert Roy exerce diverses activités dans la vie civile à Nîmes, à la mairie de Poulx, puis en Guadeloupe pendant treize années, dans une grande entreprise agricole. C’est à Poulx qu’il se retire définitivement pour vivre une vie sobre, marquée par beaucoup d’austérité.
Il aurait pu en rester là. Mais il n’abandonne pas pour autant ses relations avec l’armée et le monde combattant. Pendant trente années, il assurera les fonctions de porte-drapeau, en Guadeloupe puis à Nîmes au sein de l’amicale des anciens des Troupes de marine du Gard, amicale affiliée à la FNAOM et à la Fédération Maginot. Son dévouement, sa fidélité à nos trois couleurs pour lesquelles il ne manque aucun rendez-vous, le conduit ainsiRobert Roy et sa petite-fille
à la palme argentée, la plus haute distinction dans la fonction patriotique de porte-drapeau. Il adhère par ailleurs à plusieurs autres associations comme la Section des médaillés militaires, l’Amicale des anciens de la Légion étrangère, celle du RICM, etc.
Sa fidélité aux troupes de marine constitue pour lui un engagement total. Membre du conseil d’administration de l’amicale de Nîmes, il ne manque aucune cérémonie, il est présent à Bazeilles chaque année sur la place Jeanne d’Arc, ou à Fréjus pour le congrès annuel, ou encore à l’assemblée générale du Musée des TdM. Il transporte avec sa camionnette personnelle toute l’indispensable logistique des moments festifs de l’amicale : méchoui au Camp des garrigues, rassemblements à santa-Cruz, à la maison de l’Union fédérale des anciens combattants, etc.
Pilier de l’amicale, sa parole porte juste, simple, modeste, joviale souvent, mais avec sagesse et autorité. De caractère abrupt, il fustige aussi l’indélicatesse, le manquement à la parole.
Compte tenu de ses états de service, Robert a été un jeune médaillé militaire.
Il a en outre reçu les distinctions suivantes : Croix de guerre des TOE avec étoile d’argent, Médaille coloniale avec agrafe« Extrême-Orient », Médaille commémorative de l’AFN avec agrafe « Algérie », Médaille commémorative de la campagne d’Indochine, Titre de reconnaissance des services rendus à la nation, Croix du combattant volontaire avec agrafe « Indochine ».
Très récemment, la patrie s’est souvenue de lui et l’a enfin promu dans l’ordre de la légion de la Légion d’honneur. Dans sa 92ème année, il a ainsi reçu, le 14 juillet dernier, des mains du général commandant la 6ème BLB, à Nîmes, devant le front des troupes rassemblées pour la fête nationale, les insignes de chevalier de la légion d’honneur.
Ce moment fut, on le devine un moment de grande émotion.
Mais le temps était compté et Robert n’a pu malheureusement arborer longtemps cette distinction prestigieuse. Il nous a quittés bien vite, avec la discrétion que nous lui connaissions.
Robert était un vieux soldat, un fils de France, un patriote inflexible, sans doute quelque peu meurtri d’avoir été témoin des derniers feux de l’empire, de la disparition de la plus grande France. Il est un de ces enfants de la patrie sacrifiés au loin, dans l’indifférence de l’opinion quand ce n’est pas aussi dans la traitrise et de la fourberie de certains. Une France que beaucoup ont, aujourd’hui, beaucoup de peine à regarder, où l’on trahit l’histoire, où fleurit le discours antipatriotique. Cela l’inquiétait.
Robert, sa voix impérieuse, sa gouaille résonnent encore parmi nous, avec cet accent Franc-comtois, chantant et rugueux à la fois, que nous lui connaissions. Elle nous dit ce que nous devons entendre.
Nous ne pouvons l’oublier, il restera indéfectiblement dans nos cœurs.
Merci Robert. Repose en paix maintenant, cher camarade.
Robert Roy, chevalier de la Légion d'honneur a été honoré par la SMLH du Gard dans un article avec d'autres photos que vous pouvez lire en cliquant sur le lien suivant :
1er Janvier 2022 - Voeux du Président de la nouvelle Section Languedoc
Chers membres de la Légion d’Honneur DPLV,
Depuis cette nuit à 00h00, nous n’appartenons plus aux sections du Languedoc-Nord ou du Languedoc-Sud mais à la section du Languedoc.
Depuis hier soir, le Président de la République, Grand Maître de notre Ordre a, enfin, bien voulu nous apporter une lueur d’espoir en indiquant que l’année qui s’ouvre pourrait connaître la fin de cette pandémie qui, depuis deux ans, paralyse trop d’activités et singulièrement celles des associations.
Ces deux évènements – une section élargie et l’espoir d’un retour à la normale sanitaire - nous permettent de nous inscrire résolument dans l’avenir et d’envisager enfin de nous retrouver. Il nous faudra cependant, pour cela, laisser passer les dernières turbulences virales et vaccinales aggravées par le calendrier des campagnes présidentielles et législatives.
Nous avons d’ores et déjà une pensée pour ceux de nos membres qui nous ont quittés en 2021 ainsi que pour leurs proches. Une pensée aussi pour ceux d‘entre nous qui souffrent ou sont dans la solitude en ces périodes festives.
Vous souhaitant une année 2022 rassérénée et la plus favorable possible pour vous-mêmes et tous les vôtres, je vous prie de croire, chers amis DPLV, à l’expression de mes sentiments les plus fidèles.
Colonel (e.r.) Michel ROBARDEY Président de la Section Languedoc des DPLV
Archives Languedoc Nord
23 Novembre 2021 - Le Commandant Pierre Villas.
Pierre Villas nait à Tillac (Gers) le 8 Décembre 1928.
Après avoir été Enfant de Troupe, il s’engage à 18 ans dans l’infanterie et y servira jusqu’en 1973. Il participe aux campagnes d’Allemagne de 1947 à 1949 et d’Indochine de 1949 à 1952. Il revient en Allemagne et en Autriche en 1953 au 13éme BCA et au 28éme BCA avant de rejoindre l’Algérie où il sert de 1957 à 1961 à la 4éme DIM - 110éme RIM.
Officier de la Légion d’honneur, décoré de la Médaille Militaire en 1960, il détient la Croix de Guerre avec 7 citations, la croix du Combattant Volontaire et a reçu deux blessures.
Grand Invalide de Guerre à 85%, il poursuit une carrière civile comme directeur d’une clinique pendant huit ans, et participe activement à la vie associative comme éducateur national de rugby, arbitre fédéral, président des Anciens Combattants de Tillac, président des Anciens de la Légion Etrangère du Lot-et-Garonne et enfin comme délégué régional de l’Association des Mutilés de Guerre des Yeux.
N° DPLV 19347, notre camarade Pierre Villas nous a quittés le 1er Novembre 2021.
Que ses amis et ses proches trouvent ici le témoignage de notre hommage respectueux.
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Opération "Nuages"
C’est sous ce titre que Pierre Villas, alors Sergent-Chef, décrit une opération qu’il a commandée sur le terrain en Août 1950. En voici la fidèle transcription :
« De Janvier à mars 1950, en qualité de sous-officier de renseignements, chef du groupe R du secteur de Hué, j’ai participé à la contre-guérilla communiste en pays thaï, aux confins de la Chine, du Laos et du Vietnam. Durant mon séjour, j’avais constaté que des caravanes, constituées en majorité de mules, venant du Yunan (province chinoise) et se dirigeant vers le Sud-Vietnam, transportaient des colis impossibles à identifier car leur itinéraire passait par le Laos avant de pénétrer au Vietnam.
Je rendis compte de ce fait aux hautes autorités de mon secteur, le Colonel Giraud, commandant la zone Nord du Centre Vietnam.
Début Août 1950, j’ai été convoqué au quartier général de la zone. J’ai expliqué que les convois cessaient d’être visibles dès leur arrivée au pied de la cordillère annamitique. Ma conviction était qu’ils empruntaient la piste Ho Chi Minh, longue de plusieurs milliers de kilomètre. Elle serpentait sur les flancs de la montagne au milieu d’une végétation dense. Cette jungle tropicale la rendait quasiment invisible.
10 Août 1950 : nouvelle convocation au QG en présence du Colonel, de son chef d’état-major et du chef du 2éme bureau, au cours de laquelle une opération est envisagée.
La mission : intercepter le prochain convoi et détruire la piste.
Le lieu : le col des Nuages.
Le nom de l’opération : « NUAGES »
Ce col surplombe la mer de Chine à 500m d’altitude environ, la piste à 800m d’altitude et le village des Moïs à plus de 1200m d’altitude. Le col est le passage obligé pour se rendre du Nord au Sud Vietnam par voie terrestre.
Connaissant bien la zone montagneuse, je suis désigné pour cette mission. Il est indéniable que les viets sont rapidement « au parfum » de nos opérations. De plus, ils possèdent tous nos codes. J’ai donc insisté sur la condition sine qua non pour préserver le secret sur la finalité de cette mission : pas de liaison radio (en cas d’urgence pour entrer en contact avec nous, seul un message sera lesté) et le Piper évitera de survoler le col. En conclusion : black out concernant « Nuages ».
16 Août 1950 : un renseignement de source A1 mentionne qu’un convoi est en formation au Yunan. Il comprend une forte escorte de « chuluc » (pas de mule, mais des brancards servant à transporter des colis longitudinaux).
20 Août 1950 : il passe au Laos. Il n’arrivera donc pas au col avant le 28.
Prévenu, je constitue ma section :
- 1 groupe de commandement : moi-même chef de section, un adjoint servant d’interprète (Sergent Pierre, coéquipier méo, fervent catholique), deux radios avec un SCR 300 et un appareil photo, deux sapeurs-destructeurs de la 72éme compagnie de la Légion, un infirmier, un guide méo. Armement : PA pour tous, 3 unités de feu.
- 3 groupes de commandos supplétifs, chacun composé d’un chef de groupe, un adjoint et de 10 hommes. Armement : PM, poignard coupe-coupe, 3 grenades défensives, 1 grenade offensive, 2 unités de feu, 2 rations de combat, pansements individuels.
- Les foulards : rouge pour le commandement, vert pour le groupe 1, jaune pour le 2 et bleu pour le 3. Le fanion de repérage est à charge des radios.
24 Août 1950 : embarquement l’après-midi à bord du train blindé « La Rafale ». En route vers le Nord, il fait un arrêt au poste de My Cham puis repart toujours vers le nord en direction du Tonkin : ainsi les viets seront informés par avance de notre déplacement. Mais durant la nuit, il rebrousse chemin vers le Sud, jusqu’au 28éme Bataillon de Marche de Tirailleurs Sénégalais. Ce bataillon est implanté de part et d’autre du col, servant à la protection rapprochée de la RC1 et de la voie ferrée Hué-Tourane, et enfin de base pour les opérations amphibies. Il ne s’aventure pas au-dessus du col.
Je profite des conditions d’isolement pour tenir un petit biefing avec les chefs de groupe, les radios et les sapeurs de la Légion : la mission, la zone d’action, les consignes à respecter strictement car ce sont du silence et de l’effet de surprise que dépend la réussite de l’opération. Je détaille ce qui nous attend dans cette végétation hostile : des sangsues par bataillons entiers. Elles tombent des arbres et s’infiltrent partout, entrent par les œillets des chaussures. Grosses comme des épingles à jeun, elles atteignent la taille d’une demi cigarette quand elles sont gorgées de sang. Autre problème : des arbres entrelacés de lianes et d’épineux ainsi que des bambous acérés. C’est au milieu de tout cela qu’il faudra marcher des heures durant.
25 Août 1950 : le train nous dépose entre les postes « Josette » et « Suzanne ». Il est 4 heures, le jour va se lever. Immédiatement, nous nous enfonçons dans la jungle. Les « taco » (petits singes) poussent leurs sinistres cris. Haches et coupe-coupe en action, la colonne progresse en file indienne, muette, attentive et décidée. Douze heures de marche ininterrompue pour arriver au petit village méo à 1200m d’altitude. Nous bivouaquons.
26 et 27 Août 1950 : remise en condition.
28 Août 1950 : reconnaissance du terrain avec les chefs de groupe, les 2 radios et les 2 sapeurs. Tout est détaillé, en particulier les emplacements respectifs. Dès que le dernier viet sera dans la souricière, je ferai exploser une grenade et ce sera le signal de l’attaque.
29 Août 1950 : l’embuscade est en place car nous sommes prévenus de l’arrivée très prochaine du convoi.
31 Août 1950 : vers 8 heures un petit groupe de « chuluc » ouvre la piste. Le convoi suit, armes et munitions sur des brancards (j’en compte 17). Le dernier passé, je lance la grenade et la fusillade éclate. Les rafales claquent de tous côtés. En contrebas, des grenades lancées refoulent les fuyards. Succède à tout cela un calme relatif. Reste à faire la fouille du terrain par groupe de 3 commandos. Des combats rapprochés s’en suivent : 3 commandos sont blessés par arme blanche. Puis une formidable explosion se produit, œuvre de nos 2 sapeurs : sur plus de 100m, au lieu et place de la piste, un énorme gouffre, profond de plusieurs dizaines de mètres.
A midi, tout est consommé. J’appelle le Piper. Dès la liaison air-sol en place, je lui demande de contacter le 28éme bataillon afin qu’il vienne récupérer les morts, les blessés, l’armement et tout le matériel viet. Pour nous la mission est terminée.
Bilan : côté ami 3 blessés ; côté ennemi 27 tués, 8 blessés et 9 prisonniers ; 9 coolies tués.
Nous rejoignons le village méo pour une petite fête selon la coutume. Tard dans la soirée, le Lieutenant Sinta, officier de renseignement du bataillon, vient nous apporter un message de félicitations. »
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Notes rédigées sur son séjour chez les MIAO. Octobre 1950 – Mars 1951.
Ce texte est la reproduction exacte de celui rédigé par l’auteur.
« Chez les Miao. Octobre 50 – Mars 51.
Tribu vivant à plus de 1000m d’altitude. Très pointilleux sur leur liberté.
Leur dieu s’appelle CHAMAS. Des clans qui désignent un chef.
Peu nombreux ; leur besoin est limité. Vivent dans des paillottes où les femmes accouchent devant les enfants. Ils cultivent et fument l’opium.
Ils s’acharnent à vivre. Défrichent sans arrêt. La forêt (leur) est très précieuse. Les chasseurs ne prennent que le gibier indispensable à la vie du clan. Tous les hommes sont des guerriers-chasseurs ; les gamins apprennent très tôt à chasser (singes, cerfs, sangliers, herrissons, serpents).
La médecine est à base de plantes. Pas de territoire précis.
Aux coutumes superstitieuses : un malade, c’est la faute du voisin. »
31 Août 2021 - PV de l'Assemblée Générale du 25 Juin 2021.
En préambule à l’Assemblée Générale, une minute de silence est observée en mémoire des 58 membres de notre association disparus depuis le congrès de La Rochelle.
1°) Désignation des scrutateurs et examen du quorum
Il est procédé à la composition du bureau de vote. Sont désignés scrutateurs MM. BAFFIE, MAUGER et BARTHLEN. Le décompte des membres présents, des six présidents de section et des pouvoirs qui ont été adressés au siège permet d’établir que sont présents ou représentés 888 membres et absents : 133 membres.
Le président national constate que le quorum est atteint : l’assemblée générale ordinaire peut délibérer valablement. L’Assemblée Générale est déclarée ouverte par le président national.
2°) Approbation du nouveau conseil d’administration
Le renouvellement du Conseil d’Administration acté la veille est soumis à l’approbation de l’Assemblée Générale. Les administrateurs sortants étant MM. André DULOU, Jean-Loup NOEL, Roland SEGEAR et Pierre POUPEL et Robert BAYLE étant décédé, les candidats étant MM. Jacques BOULBIN, Bernard LE RAY et Michel PINCHON.
L’assemblée générale décide d’approuver la décision du conseil d’administration reconduisant les quatre sortants et accueillant les trois candidats (Cf. infra détail des votes in fine).
3°) Rapport Moral
Le Général CAé (2s) NICOLAS, président national, donne lecture du rapport moral :
« Les statuts de notre association prévoient que lors de l’Assemblée Générale annuelle, le Président présente le rapport moral. La connotation de ces directives est à l’évidence «militaire» car tout chef militaire, qu’il soit Sergent-Chef, Adjudant, Lieutenant, Commandant ou Général, est avant tout responsable du moral de ses troupes. C’est une évidence car pour aller au combat, l’unité doit avoir un moral à toute épreuve, si non la déroute n’est pas loin.
Quant à l’exposé des activités de l’association, il revient au Secrétaire général, responsable du suivi de l’organisation territoriale et de l’évolution des effectifs des sections. Il assure l’information des sections et facilite leurs relations avec le siège national. Il tient à jour les activités de l’association à partir des comptes rendus adressés par les sections.
Depuis notre dernier congrès tenu en Octobre 2020 à La Rochelle, nous avons connu les séquences de confinement et reconfinement avec toujours le port du masque, les commerces fermés ou partiellement ouverts, les restaurants fermés puis ouverts en terrasses avec jauges puis tout récemment ouverts modérément en salle. Les spectacles ont été longtemps interdits puis progressivement autorisés avec de sévères limitations. De même pour les enterrements et les mariages, le nombre de participants était sévèrement contrôlé. Les limites de circulation dans l’hexagone ont été progressivement supprimées.
Toutes ces mesures ont peut-être permis d’éviter une catastrophe sanitaire, avec une saturation des lits de réanimation disponibles mais, en revanche, la catastrophe morale est évidente. La convivialité n’est plus qu’un souvenir, les relations amicales traditionnelles n’existent plus et on note une agressivité à fleur de peau dans l’espace public.
Dans ce contexte difficile, les sections ont bien réagi en maintenant les liens grâce à l’informatique et au téléphone, en veillant aux membres âgés, isolés, parfois incapables de se déplacer. De plus, ils ont fait le maximum pour honorer, avec le drapeau des DPLV, ceux, malheureusement nombreux, qui nous ont quittés.
À ce propos je tiens à vous citer un exemple : « Madame Simone LIOTTE-STAMPER, membre de la section des Alpes de Provence, est née en Octobre 1924. En mars 1941, âgée de 16 ans et quelques mois, elle prend le train, seule, à destination de Paris. Dans son wagon il y a de nombreux militaires allemands. Elle pense s’être trompée de train et décide de descendre au premier arrêt. Elle demande à un des officiers allemands de lui laisser le passage pour aller aux toilettes. Il acquiesce mais elle ne voit pas qu’il tend sa jambe pour lui faire un croche-pied. Elle tombe la tête en avant et se fracture la mâchoire et le nez. Elle se redresse et gifle violemment l’officier. Son insigne nazi tombe à terre et elle le piétine.
L’officier la frappe et, le train s’étant arrêté, il la jette sur le quai, la met à genoux et pose le canon de son revolver sur sa nuque. Un chef de gare s’oppose à son exécution. Elle est enfermée dans une pièce de la gare, puis prise en compte par la Gestapo, elle est conduite à la Kommandantur de Fontainebleau. Le calvaire commence, ses vêtements sont déchirés, elle est nue, reçoit de violentes gifles, perd connaissance, puis ce sont des viols, sodomisations, côtes fracturées, ongles arrachés, perforation de l’intestin, etc….Le lendemain elle sera opérée et, bien plus tard, elle saura qu’elle est définitivement stérile.
Trois mois après, elle est jugée et condamnée à la prison. Sept mois plus tard elle est transférée dans un camp en Allemagne. Ayant eu l’occasion de visiter l’usine de fabrication de munitions située à proximité immédiate du camp, elle aide trois Français du STO à saboter et faire sauter plusieurs chambres à munitions. Les Français seront fusillés. Bénéficiant du doute sur sa culpabilité, elle est envoyée dans une autre prison de femmes.
Elle sera délivrée par les Russes et mettra 6 mois pour regagner la France où elle aura une vie très mouvementée. Elle reçoit la Croix de déportée politique et en 2010 elle est faite Chevalier de la Légion d’honneur. Elle décède le 25 mai 2021 et est enterrée dans la région de Strasbourg le 31 mai. ».
Le Capitaine Claude Gros, président de la section des Alpes de Provence, décide de partir en voiture avec le Sergent Marc Thelliez, porte-drapeau. L’aller-retour représente 1300 km et il prend tous les frais à sa charge. Il prévient le représentant SMLH de Strasbourg et Simone sera enterrée avec les honneurs rendus par les deux drapeaux de la SMLH et des DPLV. S’agissant du moral, le secrétaire national Gérard KOHN nous a fait une belle démonstration. Il a survécu à un quadruple pontage coronarien et après un mois de remise en forme, il a repris ses activités avec son énergie habituelle au profit des sections et du Siège
Je termine avec malheureusement une nouvelle désagréable. La DGSE va s’installer sur le site de Vincennes et tous les occupants doivent quitter les lieux au plus tard en 2024. Il nous reste à trouver un autre bureau à Paris pour le même prix. »
L’assemblée générale approuve ce rapport moral à l’unanimité (Cf. infra détail des votes in fine).
4°) Rapport d’activités
En l’absence du secrétaire général, empêché et excusé, le secrétaire général adjoint donne lecture du compte rendu d’activités de l’association nationale pour l’année 2020 :
« L’année 2020, avant le congrès de La Rochelle, a été marquée par le 13 mars 2020, date à laquelle la pandémie se développant à une vitesse importante, la France a été confinée de manière très sévère. Les DPLV ont conservé leur sang-froid et ont cependant respecté scrupuleusement les conditions du confinement, en prenant soin de leurs proches comme d’eux-mêmes. Il n’échappera à personne que les actions de dévouement, de grande solidarité ont été nombreuses, malgré l’âge et les conditions difficiles liées aux diverses dispositions et aux affections dont souffrent de nombreux DPLV.
Le congrès de La Rochelle est venu rendre compte de ces actes dont les sections françaises ont pu se rendre maîtresses, avec le dévouement des membres et le courage qui leur est unanimement reconnu.
Pour la section de Beyrouth, pour les sections qui ont connu des tragédies dans les familles de nos jeunes gens engagés sur les théâtres tant extérieurs qu’intérieurs, dans les actions tendant à rétablir l’ordre, ou à rechercher des conditions sanitaires plus satisfaisantes, les sections ont pu montrer leur détermination au respect des règles imposées, et ont ainsi contribué largement à la lutte contre le coronavirus.
Cependant, les décès ont été nombreux dans nos rangs, dus principalement à l’âge. Le total des effectifs au 1er janvier 2021 est le suivant :
Titulaires : 1021 – Héritiers : 475 – Associés : 89 soit : 1585
Les recrutements, bien qu’insuffisants pour compenser les décès, montrent l’effort accompli par les présidents de section, pour que les DPLV perdurent, et pour que l’association nationale soit reconnue par les autorités et par la République. Les nouveaux statuts, encore à découvrir pour certains, sont bien là pour nous aider à trouver les axes majeurs, afin de relever haut et fort le défi de nos effectifs, et à prendre en charge l’enjeu de la survie de l’association.
Les sections en sommeil sont encore isolées. Les efforts accomplis par le siège pour que les sections qui viennent de voir disparaître leur président soient prises en compte montrent combien l’association peut et doit chercher à rajeunir en démarchant et accueillant les catégories énumérées dans les nouveaux statuts. Cela concerne nos jeunes camarades militaires ou civils, policiers, pompiers ou autres, récemment reçus dans l’Ordre de la Légion d’honneur après avoir mis délibérément leur vie en péril au service de la France.
Par ailleurs, les efforts pour rendre l’association nationale attractive, avec la demande récente de mention d’intérêt général, dans le respect de la réglementation fiscale, devrait inciter nombre de nos jeunes camarades retraités à nous rejoindre.
La reprise d’activités régulières est en cours. Il est à noter que, à de nombreuses reprises, les porte-drapeaux ont été mis à contribution, dans les cérémonies patriotiques réduites. Dans certaines sections, on a célébré des obsèques avec également des effectifs réduits, d’autant que les déplacements ne l’étaient pas moins.
Les sections ont également continué, dans les territoires, à pratiquer la solidarité, et à donner à l’entraide toute la valeur exigée par notre état. Et nous avons eu le plaisir également de recevoir quelques nouveaux nommés ou quelques nouveaux promus dans l‘Ordre de la Légion d’honneur, en présence de nos drapeaux et selon les règles de dignité exigées par l’honneur qui était ainsi fait au récipiendaire, certes, mais plus encore au délégué de la Grande Chancellerie.
Concernant le fonctionnement de l’association, et dans le cadre de la remise en ordre de nos finances opérée depuis quelques années, le président national et le trésorier se sont félicités du changement de banque réalisé en début d’année 2021 et qui a généré quelques économies pour les sections. Le Crédit Lyonnais, qui gère un compte courant national et un compte courant avec chéquier pour chaque section, applique des tarifs nettement inférieurs à la Banque Postale qui gérait les comptes de l’association au niveau national et de la plupart des sections.
L’assemblée générale approuve ce rapport d’activités à l’unanimité (Cf. infra détail des votes in fine).
4°) Rapport financier
Le rapport financier est présenté par le colonel (r) Jean-Loup NOËL, trésorier général. Il comprend le rapport financier 2019-2020 et le budget 2021 déjà largement exécuté. Il est basé sur les effectifs réels cotisants à la date du 31 décembre 2020, c’est à dire, pour rappel: Titulaires : 1021 – Héritiers : 475 – Associés : 89 soit : 1585
Le trésorier général présente de manière détaillée – à l’aide de documents exhaustifs remis à chaque congressiste et de vidéos détaillées proposées à la salle par vidéoprojecteur - l’évolution de la situation financière du siège. Si les bilans de 2019 et 2020 ont été impactés par les queues de comète des contrats anciens dénoncés dans le cadre de la remise en ordre de nos finances, le bilan de l’année 2021 devrait être tout juste à l’équilibre. Toutefois, la remise en ordre étant achevée et toutes les économies possibles étant effectives, les prévisions des comptes 2022 font craindre que ce budget ne soit probablement pas à l’équilibre. En l’état du recrutement et de la baisse de nos effectifs, le montant prévisible des cotisations remises au siège (31 000 €) ne suffira probablement pas à couvrir les frais de fonctionnement (39 500 €) devenus incompressibles.
Si l’impression et la diffusion de notre organe Floréal ne coûte rien puisque financée par la publicité qu’il contient, d’autres dépenses de fonctionnement sont devenues incompressibles tandis que toutes les économies possibles ont été réalisées (bureautique, location du siège, etc.). De plus le Fort de Vincennes étant à très court terme affecté à des installations exigeant des mesures de sécurité très élevées, l’Association va devoir se loger ailleurs et dans des conditions probablement beaucoup plus onéreuses.
Or, bien que le bilan global de l’Association (siège + sections) reste très positif malgré une légère baisse, les difficultés financières du siège ne pourront pas être résolues de manière pérenne par les avoirs des sections puisque certaines d’entre elles font elles aussi l’objet de prévisions pessimistes. Dès lors, faute d’un regain soudain de recrutement, l’espoir réside dans l’obtention de la mention d’Utilité Publique. Ce label permettrait, d’une part de solliciter des sponsors dont certains sont prêts à devenir, dans ce cadre, nos partenaires et, d’autre part, d’augmenter des cotisations qui, étant défiscalisées, reviendraient bien moins cher à nos membres. Une augmentation de 4 € de la cotisation conduirait, en cas de défiscalisation, à une économie substantielle pour chaque cotisant.
Approbation du rapport financier
Le 22 mars 2021, à Paris, le cabinet d’experts-comptables chargé d’effectuer une mission de présentation des comptes de notre association au cours de l’exercice du 1 janvier au 31 décembre 2020 a attesté qu’il n’a pas relevé d’éléments remettant en cause la cohérence et la vraisemblance des comptes annuels pris dans leur ensemble et qui se caractérisent par les données suivantes :
- Total du bilan : 222 129 euros
- Chiffre d’affaires HT : 162 105 euros
- Résultat net comptable : 7 454 euros.
L’assemblée générale approuve ce rapport d’activités à l’unanimité (Cf. infra détail des votes in fine).
5°) Propositions pour l'avenir des DPLV
Le conseil d’administration a examiné le projet résultant des travaux du groupe de travail constitué pour envisager l’avenir de l’Association des DPLV.
Ce groupe de travail, qui s’est réuni deux fois en novembre 2019 et février 2020, n’a pu que constater d’importantes divergences d’opinions. La synthèse de ses travaux a été proposée par le Général CA (2s) MEILLE, secrétaire général, pour faire suite aux conclusions de l’Assemblée Générale de La Rochelle suggérant « d’aller plus loin avec le nouveau statut » et demandant qu’une proposition formelle soit présentée et débattue lors d’un prochain conseil d’administration, ce qui fut fait le 24 juin à Saint Emilion.
Après qu’il en ait été débattu, ce projet prévoyant l’ouverture de l’association à de nouvelles catégories de membres non encore membres de la Légion d’honneur, a été soumis aux votes des membres du conseil d’administration.
Il a été rejeté à l’unanimité moins une voix. Le Conseil d’administration a décidé de ne pas aller au-delà de l’ouverture arrêtée lors du congrès précédent qui s’est tenu en 2020 de La Rochelle.
6°) Questions diverses
La parole est donnée aux membres participants à l’Assemblée générale. Diverses questions sont abordées relatives aux cotisations des membres les plus âgés et des dons et subventions que les sections peuvent recevoir localement.
Le président rappelle que chaque section doit verser les cotisations des non-payants au siège tant que ces derniers ne sont pas radiés (délais de 2 ans).
Un effort doit être conduit localement dans la recherche de subventions et dons
7°) Vote des résolutions approuvant les rapports moral, d’activités et financier
Le lieutenant-colonel (r) Jean-Claude BAFFIE, président du bureau de vote, a fait le décompte des suffrages exprimés à bulletins secrets :
Inscrits |
Votants |
Exprimés |
Nuls |
1021 |
888 |
888 |
0 |
RÉSOLUTIONS |
NON |
ABST. |
OUI |
1: L'AGO approuve le rapport moral 2020 |
0 |
133 |
888 |
2: L'AGO approuve le rapport d'activités 2020 |
0 |
133 |
888 |
3 :L'AGO approuve le rapport financier 2020 et les budgets prévisionnels 2021 et 2022 |
0 |
133 |
888 |
8°) Élections des administrateurs
Le lieutenant-colonel (r) Jean-Claude BAFFIE, président du bureau de vote, a, de même, fait le décompte des suffrages exprimés à bulletins secrets :
Inscrits |
Votants |
Exprimés |
Nuls |
1021 |
888 |
888 |
0 |
Ont obtenu :
Candidat |
Votes favorables |
|
Colonel André DULOU |
888 |
REELU |
Colonel Jean Louis NOEL |
888 |
REELU |
Lt-colonel Pierre POUPEL |
888 |
REELU |
Commandant Roland SEGEAR |
888 |
REELU |
Commandant Jacques BOULBIN |
829 |
ELU |
Commandant Bernard LE RAY |
888 |
ELU |
Monsieur Michel PINCHON |
888 |
ELU |
Il fait part des résultats de la délibération aux membres présents à l'assemblée générale. Le Président national félicite les membres du Conseil d’Administration élus ou réélus. Il remercie les participants et clôt l'assemblée générale ordinaire 2021 à 11h30.
L’Assemblée générale s’est ensuite transportée devant le monument aux morts de la commune de Saint Emilion et y a déposé une gerbe avant d’observer une minute de silence.
20 Août 2021 - Lettre du Président Languedoc-Nord.
Chers légionnaires DPLV, chers membres héritiers et associés,
En ces temps très particuliers et alors que nous étions encore résolument optimistes, nous avions à nouveau envisagé de réunir tous nos membres. Il était en effet nécessaire de vous rendre compte du congrès national qui s’est tenu à Saint Emilion en juin 2021 et des projets qui y ont été envisagés.
La date du 20 novembre avait été arrêtée pour notre AG locale. Cependant, compte tenu des normes sanitaires actuelles et des prévisions ultrapessimistes que nous infligent les autorités sanitaro-politiques, nous pouvons craindre que l'aspect convivial, qui est l'essentiel de notre démarche, ne soit pas parfaitement assuré à cette date. Nous avons été contraints, avec beaucoup de regrets et dans l'attente de temps meilleurs, de renvoyer encore une fois notre assemblée à une date ultérieure.
Entretemps, profitant d’une brève accalmie dans la pandémie, nous avons pu fêter comme il se devait le centenaire de notre ami le docteur Jean-Marie BRINES. Au cours de cette réunion familiale et après que notre ami Jean POLGE puis le maire de Saint-Quentin-la-Poterie lui aient fait un éloge mérité, nous lui avons remis selon le protocole les insignes d’Officier de la Légion d’Honneur. Cette cérémonie familiale a fait l’objet d’un compte-rendu que vous trouverez sur le site national des DPLV, comme cela vous a été indiqué.
Peu auparavant, mais dans les conditions de sécurité sanitaire plus restrictive qu’exigeait la situation, nous avons souhaité un heureux anniversaire au Général KNERR qui lui aussi fêtait son centenaire. Cet été qui s’annonçait avec son cortège d’insouciances a permis à la section de Gironde d’organiser de main de maître le Congrès national 2021 qui s’est tenu en juin à Saint Emilion. Vous trouverez en annexe le procès-verbal de l’Assemblée générale, en sachant que de nouvelles considérations d’ordres financiers seront prises par le Conseil d’Administration – auquel participe votre président de section - lorsque des éléments complémentaires auront été actés en fin d’année 2021.
Peu auparavant, le Conseil d’Administration avait pris plusieurs décisions dont une au moins concerne directement notre section. Notre ami Robert BAYLE, président de la section Languedoc Sud est décédé cette année et aucun volontaire ne s’est présenté pour assurer sa succession. Il a donc été décidé, pour maintenir la présence des DPLV au sud du Vidourle, de fusionner les deux sections Languedoc Sud et Languedoc Nord en une seule section du Languedoc. Cette fusion sera effective à compter du 1° janvier 2022.
A cette date également, un autre changement important interviendra au sein de la section Languedoc Nord. Notre ami Denis HERBERT, qui assume depuis de longues années, de manière remarquable et avec une rigueur absolue les fonctions de trésorier, estime qu’il n’a plus les capacités voulues pour poursuivre cette tâche avec la même sureté. Il a souhaité être remplacé et le Contre-amiral SCHMÜCKEL nous fait l’amitié de bien vouloir lui succéder. Nous remercierons l’un et l’autre, comme ils le méritent, dès qu’il sera possible de nous réunir. A cette occasion, vous sera proposé un nouveau bureau de section, opérationnel à compter du 1 janvier 2022 et dont la composition serait la suivante :
- Président de section : Colonel (e.r.) Michel ROBARDEY
- Secrétaire : Lt- Colonel (e.r.) Gérard COPIER
- Secrétaire adjoint : X… ( Languedoc sud)
- Trésorier : Contre-amiral SCHMÜCKEL
- Trésorier adjoint : Lt- Colonel (e.r.) Gérald GAILLARD (Languedoc sud)
Cette composition est minimale comme vous pouvez le constater. Toutes les bonnes volontés, venant du Nord ou du Sud sont les bienvenues pour le compléter et l’enrichir. Seraient nécessaires, pour le moins, un artisan de reliance et de cohésion entre les membres en difficultés ou isolés (dame d’entraide ?) mais aussi un responsable assurant la réédition de notre bulletin semestriel, interrompue depuis trop longtemps. Merci aux volontaires de bien vouloir se faire connaitre auprès du colonel COPIER ou de moi-même.
Si d’aventure, il n’était toujours pas possible réunir une AG en temps utile, elle serait organisée, selon les mœurs nouveaux, en virtuel.
En regrettant profondément de ne pas pouvoir nous réunir, je remercie d’ores et déjà les membres qui m’adresseront les remarques et questions suscitées par cette lettre et son annexe.
Bien fidèlement
Colonel (e.r.) Michel ROBARDEY, Président de la Section Languedoc-Nord des DPLV.
1er Juillet 2021 - Dr. Brinès : 100 ans et une belle croix d'officier.
Allocution prononcée par le Colonel Jean Polge le 19 juin 2021 à Saint-Quentin-la-Poterie.
Monsieur le Maire, chère famille de Jean-Marie BRINES , chers amis,
Jean-Marie BRINES nous a réunis aujourd'hui autour de lui, non seulement pour fêter son centième anniversaire, mais aussi afin de la recevoir dans les formes dans son nouveau grade d’Officier dans l'ordre de la Légion d'Honneur auquel il vient d’être promu en reconnaissance des mérites éminents dont il a fait preuve au cours des longues années passées au service de la France, pendant la deuxième guerre mondiale comme dans ses activités de médecin généraliste de Saint-Quentin La Poterie depuis 1958 et jusqu’à un âge avancé .
Jean-Marie BRINES a souhaité qu’on vous présente le récit succinct de l’itinéraire emprunté pour rejoindre ce beau village de Saint-Quentin la Poterie, au coeur d‘une région si proche de ses aïeux. Ecoutons-le :
« C'est la Première Guerre Mondiale de 14-18 et ses déplacements de population qui m’ont fait naître le 22 juin 1921 dans la Meuse. En effet, après la première guerre mondiale et son mariage dans le Var, ma mère, originaire du département des Alpes Maritimes, a préféré aller accoucher de son premier enfant chez des amis accueillants et plus jeunes que ses beaux-parents âgés et déjà en charge de nombreux petits-enfants dont certains avaient perdu leur mère lors de la fameuse épidémie de la grippe espagnole. J'ai donc vu le jour dans la Meuse à Sivry le Perche. Au début du siècle dernier, mon père se trouvait au Maroc dans le service de contrôle de la DETTE, contrôle que la France avait mise en place pour suivre le remboursement d'un emprunt important consenti au « Sultan du Maroc ». Après ma naissance en France, il est donc reparti au Maroc avec femme et enfant. Mais ma santé se dégradant par le peu d'hygiène et de commodités de l'époque, le docteur conseilla assez rapidement mon retour sous un climat moins hostile . Je retournai donc seul dans la Meuse où la famille amie de mes parents m'accueillit. Ce qui devait être de courte durée va s'allonger : école élémentaire, certificat d'études, entrée au collège... bref, le temporaire dure et nous voici en 1939 avec les 2 bacs en poche et le projet de faire des études de médecine dans la Fac très cotée de Nancy. Je profite de l'été pour aller en vacances chez mes parents au Maroc quand la guerre éclate. Mon père modifie nos plans !! Pas de retour à Nancy sous la menace allemande. Ce sera donc Alger où il existe une excellente Fac de médecine. J'y suis admis en octobre pour suivre les cours du PCB (Physique Chimie Biologie) avec comme but, la médecine. En novembre 1940 j'intègre la 1ère année de médecine, en novembre 1941 la 2ème.
Au moment de démarrer la 3ème année, en novembre 1942 , les Anglo-américains débarquent à Alger et le 1er décembre, je suis mobilisé dans les chantiers de jeunesse en attendant mon intégration dans l'armée. Le 14 juillet 1943, je suis incorporé ainsi que 12 autres jeunes étudiants en médecine. Pour ma part, ce sera dans le 2ème Groupement de Tabors Marocains (2°GTM1 ) qui rentre de Tunisie où il a combattu les Allemands. Mon sort sera alors lié à ce régiment jusqu'à ma démobilisation, c'est avec lui que je franchirai toutes les étapes jusqu'à la VICTOIRE.
La première étape sera LA RECONQUETE DE LA CORSE. C'est le « Moncalm », un croiseur français, qui transportera une partie du 2ème GTM et nous débarquera à Ajaccio le 25 septembre 43. Notre mission était d’interdire aux Allemands l'évacuation de leurs troupes par la route orientale de l'île et le port de Bastia. Les combats pour s'emparer du col de Teghime2 (verrou important) nous coûteront cher en vies humaines... Ces combats me vaudront ma première citation le 22 Janvier 1944. La Corse occupée par un fort contingent italien (60 000 hommes) voyait ses troupes se ranger à nos côtés et compléter avantageusement le maigre matériel que les bateaux de guerre n'avaient pu transporter. C'est ainsi que des mulets bien utiles pour le transport des blessés en montagne nous furent «prêtés», conduits par du personnel italien. De même, une artillerie conséquente italienne put appuyer certaines de nos interventions. L'armée italienne avait également multiplié des postes de secours bien utiles dans ce pays montagneux. Précisons que le régime du Duce avait espéré, au début des opérations déclenchées par le Führer, récolter le prix de son soutien par le retour de la Corse dans le giron italien ! Mais, en 1943, les temps avaient changé et l'arrivée des Anglo-américains permettait d'espérer un renversement des forces ! Ainsi l'épisode Corse s’est prolongée pendant presque un an jusqu'à l'été 1944.
La deuxième étape sera le DEBARQUEMENT DANS LE SUD DE LA FRANCE. La victoire en Italie étant acquise, le matériel « nautique » des Anglo-américains pouvait être utilisé pour le débarquement prévu et auquel participera une armée française reconstituée, celle qui venait de combattre en Italie et celle, dont nous faisions partie, stationnée en Corse. C'est donc bien un retour sur la France continentale via le Sud qui se préparait : c'est enfin « le retour au pays » ! Le jeudi 17 août 1944, nous attendons notre tour jusqu'à 18h sous le soleil du Sud de la Corse et sous le contrôle strict Anglo-américain, pour embarquer dans des bateaux que nous découvrions, « spécialisés dans le débarquement sur les plages ». Un ensemble de véhicules et de matériel nous précède dans un vacarme extraordinaire et à 20h, adieu la Corse... Le lendemain 18 août 1944 : nous débarquons à droite de Cavalaire sans problèmes, les commandos US nous ayant précédés en « nettoyant » les troupes disparates qui tenaient mollement la côte (turques, russes ou arméniennes). A 17h, j'examine mon 1er blessé sur le sol continental.
La troisième étape sera LA REMONTEE VERS LE NORD. Le 20 août nous gagnons Collobrières. J'obtiens une permission rapide pour aller voir mes grands-parents à quelques kilomètres de là : à Puget-sur-Argens. Je leur fais une bonne surprise et rejoins mes camarades le lendemain à la Sainte-Baume. Du 23 au 25 août 44, le 2ème GTM participe à des combats dans la région d’ Aubagne, Carpiagne, La Gineste. Nous déplorons nos deux premiers tués sur le continent mais faisons de nombreux prisonniers. Le 30 août, nous quittons Marseille pour les Alpes et j’obtiens une deuxième citation avec attribution de La Croix de Guerre, étoile de bronze.
Le dimanche 3 septembre : je récupère une ARABA allemande tirée par un percheron rustique et conduite par un prisonnier italien pour transporter mon antenne médicale. Rapidement j'échange cette vieille ARABA contre une belle FIAT italienne au village d'Oraison. Nous remontons difficilement la route Napoléon souvent coupée, les ouvrages d'art ayant été détruits par la Résistance ou l'Aviation US. Nous arrivons aux contreforts Sud des Vosges et je suis à mon tour blessé par un obus de char à Cornimont. Après un passage à l’hôpital militaire de Besançon , je rejoins rapidement mon unité et ce sont les combats dans les épicéa vosgiens où les Allemands s'accrochent en effectuant des contre-attaques sévères. Puis c'est la plaine d'Alsace vers Colmar avec de nombreux combats pour reprendre puis conserver Strasbourg trop longtemps sous le feu allemand. Le 17 septembre 1944 je reçois ma troisième citation avec attribution de La Croix de Guerre avec étoile de vermeil.
Mon ADIEU aux ARMES intervient lorsqu'un jeune médecin auxiliaire, fraîchement mobilisé, arrive à l’état-major de mon GTM en spécifiant : Je viens remplacer le médecin auxiliaire Brinès qui doit être renvoyé en Algérie pour terminer ses études de médecine interrompues depuis 2 ans. Arrivé en plein « nettoyage » du Bienwald, cette région allemande au Nord de l'Alsace occupée par des éléments enterrés de la ligne Siegfried, je vous avoue que l'arrivée de mon remplaçant me prit de court et que j'aurais aimer participer à la fin de cette aventure ! Pour moi, ce fut alors l'attente des « papiers » qui devaient officialiser ce remplacement. Un passage chez le chef du personnel me précise que je suis le 1er relevé des 12 médecins auxiliaires arrivés en juillet dernier désigné par l'ordre alphabétique. (B comme Brinès) Mes « papiers » arrivés confirment mon départ avec même la précision du jour d'embarquement pour Alger sur le « Providence ». Ce sera le 10 mai 45. Toute cette période me vaudra l’attribution de la médaille militaire le 1er Janvier 1952.
De retour à la Fac d'Alger, je m’accroche à la 3ème année de médecine sans les cours particuliers de rattrapage promis ! Un concours d'externat nous est réservé. Je le prépare à l'hôpital d'enfants de Beni Messous près d'Alger et j'obtiens ma thèse après 2 ans d'internat le 14 mars 1949. Entre temps je me suis marié à Rabat le 10 avril 1947 et avec Mireille mon épouse, nous avons eu notre premier enfant Jean-Pierre en 48.
La question de mon installation est réglée par l'obtention d'un poste de médecin de la santé dans le service national algérien. Il s'agit d'un petit poste côtier « Francis Garnier » entre Cherchell et Ténès. En 1951, notre fille Anne-Marie voit le jour au milieu d'un orage méditerranéen épouvantable. Ce poste « de rêve » mais peu rémunérateur ne durera que 2 ans. En mars 1953, je suis nommé à M'Sila. Mais le 1er novembre 1954, c'est le début de la rébellion avec des exactions de plus en plus atroces. Dans mon secteur, le massacre de Melouza3 du 28 mai 1957 nous horrifie. Vu du BLED la situation en Algérie est claire : elle est INTENABLE.
Nous décidons de partir et c'est la recherche d'un « refuge » en France. Nous épluchons les petites annonces tous les mois à la recherche d'un cabinet disponible dans le Sud de la France entre Nice et Agen. Pour ma famille désormais ce sera Saint-Quentin la Poterie dès janvier 1958. Le grade de Chevalier de la Légion d’Honneur me sera attribué le 15 Janvier 1961 . Saint-Quentin la Poterie où j'ai eu la chance d'être « médecin de famille » pendant toute ma carrière, Saint-Quentin la Poterie où j'ai le plaisir de vous recevoir aujourd'hui pour fêter en même temps ma remise de la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur et ma 100ème année dans quelques jours »
Après cette rapide présentation de la carrière de Jean-Marie BRINES, le maire de Saint-Quentin La Poterie puis son premier adjoint, prirent la parole pour rappeler les nombreux services rendus à la population locale par le docteur Brinés. Nombreux sont aujourd’hui les habitants du village et des environs à dire : « C’est le médecin qui a accouché ma mère …ou ma grand-mère ! ».
Puis un vieil ami évoqua alors la dernière consultation donnée par le docteur Brinés, gracieusement et bien après avoir fait valoir ses droits à un peu de repos ! « Nous étions un groupe de touristes dans le Tenere, non loin de Tamanrasset lorsqu’un Touareg complétement affolé est venu à nous. Comme l’un de nous parlait le n'tamasheq , la langue des Touareg, nous comprîmes qu’il demandait de l’aide car sa femme enceinte était en train de mourir. Nous lui dîmes immédiatement que nous avions avec nous un grand médecin blanc… et après de longues palabres, il accepta que Jean-Marie Brinès examine sa femme, ce qui fut fait derrière les tapis fermant l’entrée de la tente… Le diagnostic fut rassurant : la dame avait juste besoin de maigrir… ! ».
Après ces interventions, il fut procédé à la cérémonie protocolaire et, en présence du drapeau de la section, la croix d’Officier de la Légion d’Honneur fut remise au docteur Jean Marie Brinés par le président de la section du Languedoc Nord de l’Association Nationale des membres de la Légion d’Honneur Décorés au péril de Leur Vie.
1 On parle de GTM groupement de Tabors marocains, mais JM Brinès a toujours parlé de Goumiers.
2 En octobre 1943, la bataille de Teghime, fut le le tournant de la libération de Bastia : https://www.youtube.com/watch?v=m55pODuuj1c
3 Le massacre de Melouza est un crime de masse perpétré le 28 mai 1957, pendant la guerre d'Algérie. Il est commis par le FLN contre les 374 habitants du village de Melouza (Mechta-Kasbah), au nord-ouest de la ville de M'Sila, sous prétexte qu'ils soutenaient le mouvement indépendantiste MNA, rival du FLN. Par le biais de tracts de propagande, le FLN a accusé l'Armée française d'avoir perpétré le massacre à sa place1.
14 Juin 2021 - La belle évasion.
M. Jean-Pierre Quittard est journaliste, chevalier de la Légion d’honneur.
Il a travaillé à l’ORTF puis à TF1 et a traité principalement de sujets liés à la Défense, en particulier en 2004 pour une série de reportages pour le 50éme anniversaire de Dien Bien Phu. L’article ci-dessous a été rédigé en 2014 et il m’a autorisé à le reproduire pour ce site : ce que je fais avec fidélité et reconnaissance.
Merci Jean-Pierre. SMK
La belle évasion de Fernand NEY et de François WILLER.
Dans la cuvette de Dien Bien Phu, le Maréchal des Logis Chef Fernand Ney commande le POSEN : un char Sherman de fabrication américaine. Le Sergent François Willer appartient à la même unité de blindés : le 1er R.C.C.
Lorsque le PC du Général de Castries tombe le 7 mai 1954 aux mains du Vietminh après 56 jours de combats acharnés, souvent à un contre cinq, les deux hommes sont faits prisonniers comme tous les autres combattants de l’Union Française.
Très vite, ils décident de s’évader, ayant remarqué que les vietnamiens ne sont pas assez nombreux pour surveiller et encadrer l’immense colonne de 11.721 captifs qui se met en marche vers les camps de « rééducation », synonymes de « camps de la mort ». Le 14 mai 1954, ils tentent leur chance.
Fernand Ney raconte : « On s’est laissé tomber dans un fossé entre deux virages parce que les sentinelles étaient assez espacées…personne ne pouvait nous voir…nous avons attendu que tout le monde passe et à ce moment là nous avons commencé à nous éloigner du camp. »
Fernand Ney et François Willer décident de partir vers l’ouest, vers le Laos. Un itinéraire de 300km à priori moins fréquenté et donc moins dangereux que les routes du sud et de l’est qui conduisent à Hanoï. Petit détail qui a son importance : François Willer a un appareil photo, un Leica que lui a confié un soldat de son régiment, avec deux pellicules en noir et blanc. Il s’en servira quotidiennement pour témoigner par l’image de leur aventure.
Jour et nuit ils marchent, avec la peur au ventre de se faire prendre. François Willer expliquait en 2005 dans un reportage de TF1 : « C’est la jungle et en dehors des pistes, il n’y a aucun moyen d’avancer…mais les pistes, c’est le domaine des viets qui contrôlent tout et tout le temps ».
Le 20 mai, ils sont surpris et arrêtés par trois soldats vietnamiens armés d’un pistolet-mitrailleur. Profitant d’un moment d’inattention de leurs geôliers, les deux français se jettent sur leurs adversaires, les boxent et retournent la situation en s’emparant du PM. Les trois soldats vietminh prennent la fuite.
Fernand et François repartent et vont bénéficier du soutien sans faille des populations méos de la région. Les Méos, qui détestent le Vietminh, les hébergent la nuit, assurent leur ravitaillement, mais surtout les conduisent en toute sécurité de village en village, évitant tout contact avec l’ennemi commun.
Au début du mois de juin, Fernand Ney est terrassé par la dysenterie. François Willer décide alors de partir seul vers Mong Say (frontière Vietnam-Laos) où il sait trouver du secours auprès d’une garnison française. Fernand Ney pendant ce temps est veillé et protégé par les Méos. Quelques jours plus tard, un hélicoptère à bord duquel se trouve françois Willer vient chercher et évacuer son compagnon.
Les deux hommes ont réussi : ils sont libres après une cavale dans la jungle qui aura duré plus d’un mois. Comme 78 autres militaires français, Fernand et François ont échappé à l’humiliation et à la mort programmée des camps vietminh. Il n’est pas inutile de rappeler ici que sur le 11.721soldats du Corps Expéditionnaire faits prisonniers à Dien Bien Phu, seuls 3200 survivront aux conditions extrêmes de leur détention entre mai et septembre 1954…
Un bot de riz cru et trois grammes de sel par jour…
La « rééducation » : en clair le lavage de cerveau tous les jours et des corvées à n’en plus finir…en particulier creuser des trous pour enterrer les morts ! Lorsqu’ils seront libérés et rendus aux autorités françaises, de nombreuses organisations internationales comme la Croix Rouge oseront faire le parallèle avec les camps de concentration nazis…et dénonceront ces pratiques contraires à la convention de Genève.
Mais pour Fernand et François, la belle histoire continue. En rentrant d’Indochine, François Willer est présenté à la sœur de Fernand Ney. Il en tombe follement amoureux et l’épouse. Fernand fait la même chose deux ans plus tard avec la sœur de François…
Pendant 55 ans, ces deux compagnons d’arme et d’évasion furent deux beaux-frères inséparables, vivant en Lorraine assez proches l’un de l’autre.
La mort de François Willer en 2009 a mis un point final à cette aventure extraordinaire au vrai sens du terme.
Fernand Ney (86 ans) vit aujourd’hui dans le Var (nota : en 2014). Il a été promu en 2013 au grade de Commandeur de la Légion d’honneur.
J’ai eu il y a tout juste dix ans l’honneur et le plaisir de rencontrer ces deux hommes pour une série de reportages diffusés dans les journaux télévisés de TF1 à l’occasion du 50éme anniversaire de Dien Bien Phu.
J’en garde un souvenir ému, alors que nous commémorons le 60éme anniversaire de cette bataille qui fut « un désastre transformé en épopée par le courage et le sacrifice de ses combattants » comme l’a si bien dit le Président Jacques Chirac en mai 2005 dans la cour d’honneur des Invalides.
Jean-Pierre Quittard - 2014
17 Mars 2021 - Jean Slezarski.
Allocution prononcée le mercredi 17 mars 2021, à Nîmes lors des obsèques de Jean SLEZARSKI par le colonel (e.r.) Michel ROBARDEY,
Président de la section du Languedoc-Nord.
Jean SLEZARSKI était adjudant des Troupes de marine et Commandeur de la Légion d’Honneur. Ce simple rapprochement en dit long à ceux qui connaissent un peu la chose militaire. Jean SLEZARSKI était un de ces « maréchaux » de nos armées, ceux qui constituaient la force, la solidité, la fraternité de nos troupes.
Mais écoutons un instant ce fils d’immigré polonais et russe, orphelin confié à l’Assistance Publique, nous dire lui-même pourquoi il a emprunté ce chemin difficile : « Ce rêve de tout gamin de devenir un homme. Difficile en 1944, les Allemands étaient partout, alors le démarrage de l’action fut le maquis du Morvan. Avec beaucoup de camarades tous aussi inexpérimentés que moi. Par rapport à eux , j’avais quelques handicaps : d’abord j’étais orphelin et j’ai été élevé à l’Assistance publique. Ensuite j’avais un nom étranger : mes parents que je n’ai pratiquement pas connus étaient venus se réfugier en France depuis leur Pologne natale…. Si comme tout gamin, je voulais devenir un homme, il me fallait surtout prouver que, malgré mon nom, j’étais un Français, un vrai Français comme eux »
Après le maquis, âgé de dix-huit ans à peine, Jean SLEZARSKI rejoint le 1° régiment du Morvan des Forces Françaises de l’Intérieur. A ce moment-là, début septembre 44, la bataille d’Autun, à deux pas de là, n’a pas encore eut lieu. Avec la participation des FFI, et au prix de lourdes pertes, cette bataille va permettre quelques jours plus tard, la jonction entre les troupes alliées débarquées en Normandie et les troupes françaises d’Afrique qui arrivent de Provence.
La libération est loin d’être acquise. La Première Armée française est bloquée devant la trouée de Belfort. Elle opère ce qu’on a appelé le « blanchiment » en substituant les recrues venues des maquis (Forces Françaises de l’Intérieur) aux troupes venus d’Afrique, durement éprouvées par les combats et en difficultés devant les rigueur de l’hiver qui s’annonce.
Le 1° régiment du Morvan participera aux durs combats des Vosges sur le ballon de Servance et sur le ballon de Guebwiller : « Ils ont été les premiers à faire flotter les couleurs françaises sur la plus haute cime des Vosges » dira plus tard le général de Montsabert.
Jean SLEZARSKI continue son récit « Ce fut l’engagement dans l’Armée et la guerre en Allemagne. C’est l’Armée qui m’a révélé, qui a fait de moi un homme. C’est elle qui est devenue, à moi qui n’en avait pas, ma famille. La discipline, le travail, l’engagement, la solidarité, les contraintes mais aussi d’innombrables joies : les combats, les décorations, l’avancement en grade, je devenais jour après jour un homme et pas n’importe lequel, ce que je voulais être : un vrai français » dit-il en passant pudiquement sur les épreuves surmontées et sur ses mérites personnels.
Après la capitulation de l’Allemagne en 1945, toute la France n’est pas libérée. Et l’engagement volontaire « pour la durée de la guerre » de Jean SLEZARSKI a pris fin le 8 mai 1945. Reste à reconquérir l’Indochine, capturée par les Japonais et que personne ne souhaite nous rendre. Jean SLEZARSKI s’engage à nouveau, dans les troupes coloniales cette fois ! Les motivations qu’il évoque dans notre bulletin sont plus prosaïques : « Nous étions 4500 jeunes hommes en 1945 sur les quais de Marseille, impatients d’embarquer pour l’aventure mais surtout pour fuir le passé, dans une France dévastée et sans ressources. Manger et dormir à l’abri étaient devenu un luxe pour certains » se souvient-il. « Dans cette masse, il y avait des Allemands qui fuyaient un passé chargé, des sans famille qui fuyaient la misère ou autre drame familial. Presque chaque homme avait une histoire douloureuse derrière lui qu’il raconterait peut-être un soir de vague à l’âme ou d’ennui. ».
Jean SLEZARSKI effectuera trois séjours en Indochine, se donnant à peine le temps, entre deux séjours, de prendre quelques congés de fin de campagne. On le trouve :
- au 6° RIC du 22 novembre 1945. Il est rapatrié en juillet 1947 ;
- au 6° RIC de nouveau puis au bataillon Thaï du 5 mars 1948 à 1951.
- au Bataillon de Marche n° 3/AOF de 1953 à avril 1955 .
Pendant ses trois séjours, le ruban de la Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs du caporal, puis caporal/chef SLEZARSKI s’orne successivement de quatre étoiles (trois de bronze et une d’argent), c’est-à-dire qu’il a été cité quatre fois à l’ordre pour une action d’éclat…sans compter une blessure reçue le 4 janvier 1947… dont il ne dira rien. Nous ne savons rien de ses actions d’éclat, il ne souhaite pas parler de lui, mais se souvenir de la vie quotidienne partagée avec ses frères d’arme : « On avait des « fièvres » diverses et variées, la principale étant le paludisme accompagné de dysenterie. Mais j‘ai eu aussi le scorbut et le béribéri, les piqures de scorpion et de moustique et des trucs dont on ne savait pas le nom. Une fois, trop malade, on m’a chargé sur un âne, direction l’hôpital de Lao Cay. Quand je suis enfin arrivé, j’étais guéri ! » dit-il dans notre bulletin.
Les récits qu’il a proposés à la parution dans le bulletin de notre association n’étaient pas pour lui l’occasion de se mettre en valeur. Il préférait expliquer en toute simplicité quel avait été son « Devoir d’homme ». Il préférait expliquer que ce n’est pas toujours l’action qui nous a le plus coûté, où on pense avoir eu le plus de mérite, qui sera reconnue, alors que d’autres, bien plus aisées seront mises en valeur : « des anecdotes, j’en ai beaucoup, bien sûr mais certaines vous marquent plus que d’autres. Le courage dans l’action devient naturel, il n’y a pas de problème…. Mais si l’action entraine le courage, l’attente peut déclencher la peur, cette expectative pendant laquelle on ne peut rien faire et qui provoque dans le cerveau des idées folles ». Et Jean SLEZARSKI évoque en guise d’exemple un combat d’octobre 1956 en Algérie. Entretemps, il a été nommé sergent et quand il dit que « un camarade et moi marchions avec précaution l’un derrière l’autre, sur un éperon rocheux », il faut comprendre que, probablement, le chef de groupe qu’il était marchait derrière son voltigeur de pointe, « dans une zone à risque, à la poursuite d’une troupe de fellaghas » précise-t-il. « Un coup de feu. Mon camarade est projeté violemment en arrière et tombe sur moi. Instinctivement, je le tiens dans mes bras. Nous sommes à flanc de rocher avec mes pieds juste sur une étroite saillie qui se révèle instable. Je ne peux ni pivoter ni reculer. Le blessé est lourd et inconscient et il n’est pas question de le lâcher dans le vide pour essayer de me sauver…Mais je sens que son poids m’entraine. » En gardant ce blessé dans ses bras, Jean SLEZARSKI forme une cible parfaite. Il le sait. « ou bien je le lâche et tente de me dégager en sautant de rocher en rocher ou bien je le garde - peut-être n’est-il pas mort ?- et je deviens une cible immanquable. Cette balle qui allait me frapper, je l’attendais…mais …arrive que pourra ! Je ne bougerai pas » dit-il. La balle n’est pas venue et les amis l’ont précédée. Les fells avaient décampé entre temps…. Il faudra aider Jean SLEZARSKI à descendre de l’éperon tant ses muscles sont tétanisés : « Cette attente angoissante m’a fait connaitre des instants de très grande peur » conclut-il très modestement.
Il sera blessé quelques mois plus tard, le 4 juin 1958, dans le djebel Miez par une balle en pleine poitrine en se portant au secours de Lazlo Lazle, son frère d’armes d’origine hongroise et ancien de la Légion Etrangère qui tombe devant lui. Malgré la terrible douleur, Jean SLEZARSKI aura la force de faire mouche sur le tireur qui l’a blessé. Puis, il s’évacuera seul, en ayant pris soin de récupérer les chargeurs et l’arme ennemie : « Même dans l’hélicoptère, je ne m’évanouirai pas, rien à faire. Ce salut ne me sera donné qu’à l’hôpital » dit-il. Nulle forfanterie dans ce récit, mais la peur, la souffrance et juste ce qu’il appelle son « Devoir d’homme ».
En Indochine, Jean SLEZARSKI encadrait des tirailleurs Thaï. En Algérie, il encadrait des troupes africaines au 15° Régiment de Tirailleurs Sénégalais avant de revenir à des soldats métropolitains au sein du 7° régiment d’Infanterie. A côté de la Croix de Guerre TOE, il porte désormais une croix de la Valeur Militaire avec une palme et une étoile d’argent. Le texte d’une de ses citations est très significatif : « …d’un exceptionnel dynamisme au feu. Entraineur d’hommes remarquable ayant un parfait mépris du danger…s’est maintes fois distingué en opérations…par une manœuvre très audacieuse dans un combat au corps à corps où il était à la fois le chef et le combattant de pointe ….est arrivé à capturer trois rebelles, récupérant trois armes de guerre dont un fusil mitrailleur ». A nouveau, Jean SLEZARSKI était à la fois le chef et le combattant de pointe. Comme on l’avait déjà compris lors de l’épisode précédent, il n’était pas le genre de chef à rester en retrait !
Et comme, on l’a vu, son insigne des blessés a reçu une nouvelle étoile rouge. Il a reçu la médaille militaire en 1955 et a été promu au grade de sergent/chef en 1959, quelques semaines après être rentré en métropole.
Entre temps, en congé de fin de campagne, Jean SLEZARSKI reste vigilant. Il sait que la guerre d’Algérie se poursuit aussi en métropole. Ainsi, le 2 juillet 1959 en soirée, alors qu’il boit paisiblement le verre de l’amitié avec quelques camarades dans un bar du centre de Paris, il entend un coup de feu et aperçoit un individu de type maghrébin et armé qui s’enfuit en courant. Très simplement, Jean SLEZARSKI rattrape l’individu, le désarme et le remet, avec son arme, aux agents de police qui interviennent. Cela lui faudra les félicitations du Préfet de police Maurice Papon et du Gouverneur Militaire de Paris, le général Raoul SALAN.
Puis, dès l’année suivante, en 1960, Jean SLEZARSKI rejoint les Troupes de Marine et le 7° RIAOM à Tamatave, où il sera nommé adjudant en 1962. Après les Thaï, après les Africains de l’Ouest, après les métros, il encadre désormais les tirailleurs malgaches.
En 1963, de retour de Tamatave, il rejoint brièvement le Service Historique des Armées à Vincennes. J’avoue m’être demandé ce que cet homme d’action allait faire au SHA. J’ai été rassuré en constatant qu’il avait été rapidement affecté à ce que l’on appelait pudiquement alors la Compagnie des Services n°1 puis le 89° Bataillon des Services, c’est-à-dire, en clair, le SDEC.
Jean SLEZARSKI a été admis dans le corps des sous/officiers de carrière en 1965. Il a fait valoir ses droits à pension de retraite le 6 octobre 1967 après vingt-trois années de service dont environ une vingtaine de campagnes. La Légion d’Honneur, bien méritée, a reconnu les mérites éminents dont il a fait preuve au cours de toutes ces années.
Rendu à la vie civile, selon l’expression consacrée, Jean SLEZARSKI n’est pas resté inactif malgré une invalidité reconnue à 45 puis 65 %. Il s’est marié en 1969 et a donné le jour à deux enfants, Nathalie et Alexandre qui, à leur tour lui donneront deux petites-filles. C’était là aussi son devoir d’homme ! Après avoir trouvé une première famille dans l’Armée, il fondait la sienne.
Il a occupé divers emplois dont un à la Brink’s jusqu’à ce que, après la mort d’un jeune collègue abattu par des malfaiteurs, madame SLEZARSKI estime qu’il avait suffisamment tenté le diable et avait droit à un peu de repos. Jean SLEZARSKI a pris une retraite bien méritée au début des années quatre-vingt-dix. Il sera désormais très présent au sein des associations d’anciens combattants et s’attachera à assurer le devoir de mémoire.
Car l’Indochine et l’Algérie lui ont laissé, comme à beaucoup, un goût amer. S’il évoquait avec un brin de nostalgie les bateaux qui l’avaient emmené sur ces lointains théâtres (le Pasteur, bien sûr, mais aussi le Kerouan et d’autres), ainsi que l’exotisme du canal de Suez et autres lieux, il n’a pas oublié les injures proférées par les communistes et la CGT sur les quais de Marseille, les crachats et même les coups portés à nos blessés. Il n’a pas oublié les collectes de sang dont on assurait qu’elle ne servirait pas aux blessés d’Indochine. Il n’avait pas oublié non plus Jeannette Vermeersch proposant à l’Assemblée nationale « douze balles dans la peau comme colis de Noël » aux soldats d’Indochine, ni les sabotages d’armes et de munitions à destination de l’Extrême Orient.
Et, il lui avait fallu retrouver tout cela en Algérie, chez les porteurs de valise ! « Et je vois maintenant plusieurs personnalités politiques ou un avocat célébré fiers d’avoir aidé activement le FLN » concluait-il dans un récit confié à notre bulletin.
Il mettait cette sainte colère au service de la mémoire de ses camarades tombés au combat, devant lui comme son frère d’armes Lazlo Lazle ou comme celui dont il a serré le corps dans ses bras sur une éperon rocheux au risque d’être atteint à son tour. El lisant ses récits on songe inévitablement au poème adressé au XIX° siècle par le capitaine de Borelli à ses morts d’Indochine. Poème qu’on pourrait très bien adapter à Jean SLEZARSKI :
Soldats qui reposez sous la terre lointaine,
Et dont le sang versé me laisse des remords,
Dites-vous simplement : « C’est notre Adjudant
Qui se souvient de nous … et qui compte ses Morts. »
Reposez en paix Jean Slezarski ! Vous avez fait tout votre « Devoir d’homme ». Vous avez atteint de façon magnifique le but que vous vous étiez fixé en entrant au maquis : il ne viendrait à personne aujourd’hui l’idée saugrenue de douter un seul instant de votre qualité de « vrai français ». Français vous l’êtes incontestablement par le sang versé, certes, mais surtout par le cœur et par cette belle âme que vous nous avez proposée en exemple en maintes occasions.
09 Février 2021 - Voyager...un peu...
La pandémie qui nous frappe depuis maintenant plus d'un an ne semble pas baisser les bras, bien au contraire. Comme nous y engage notre appartenance aux DPLV, nous n'oublions pas de serrer les rangs.
Quel que soit le nom qu'on lui donne, nous subissons un confinement plus ou moins sévère dont la pénibilité non plus ne baisse pas avec le temps.
Voici un site qui va vous mener dans différentes capitales, y circuler, y écouter la radio...
Cliquez sur le lien ci-dessus, puis choisissez une ville du monde, n’importe laquelle (menu déroulant en haut à droite) et vous vous trouverez soudain en voiture, roulant dans cette ville et écoutant l’autoradio de cette voiture (régler le son de la radio : curseur) et vous pouvez même changer de radio.
En haut à droite de l’écran vous pouvez occulter le programme en cliquant sur le petit point noir et le remettre en cliquant à nouveau !
Je vous souhaite bon voyage
SMK
20 Juin 2020 - Remise de la Croix d'Officier.
Ce jour-là, notre camarade Jean GARNIER a reçu des mains du Général Louis Danton la croix d'Officier de la Légion d'honneur.
Engagé volontaire en 1951, il sert en Indochine de 1951 à 1954 (10éme BCPP - 3éme BPVN), au Maroc et en Algérie de 1955 à 1959, en Mauritanie en 1960 puis au Sénégal de 1961 à 1963 (7éme RPIMa) avant de rejoindre le 8éme RPIMa à Castres. Un accidernt de saut l'éloigne des TAP et il sera instructeur et formateur "Tireur d'Elite" au 99éme RI jusqu'en 1968, date de la fin de ses services militaires.
De 1969 à 1992, il est pendant 23 ans chef de district à l'Office National des Forêts.
Il a été en outre porte-drapeau de l'UNP 21 pendant 7 ans (1976/83) et président de la 1782éme section des Médaillés Miltaires pendant 6 ans (1992/98).
Beau palmares que cette croix vient justement recompenser.
Nous n'avons malheureusement pas de photographie de cet évènement : pensez à prendre des vues à chacune de ces belles occasions.
10 Juin 2020 - Montage photo.
Le montage ci-dessous fait honneur à Michel FRY'S, de l'Association des membres de la Légion d'Honneur Décorès au Péril de Leur Vie qui nous a quitté récemment.
Regardez le site complet fait par ce photographe, cela est tout à fait intéressant.
http://golem13.fr/70-ans-liberation-de-paris/
On le voit ici debout sur le char qu'il a amené à Paris depuis la Grande Bretagne. Il en était le pilote après s'être engangé à 17 ans dans la 2° DB en formation au Maroc. A ses côtés la jeune femme brandit le drapeau nazi qu'elle a décroché de la Préfecture de police. Le tout sur fond de cathédrale Notre Dame de Paris.
Honorons- nous d'avoir connu Michel FRY'S
Michel ROBARDEY
27 Mai 2020 - Un peu d'Histoire
Voici deux liens qui vous permettront de retrouver un peu d’Histoire (avec un grand H) sous la forme de vidéos.
Le premier montre deux témoignages de poilus, émouvants de simplicité :
https://twitter.com/i/status/1264972269845196803
Le second est un film tourné en 1959 par le SCA, service cinématographique des armées, futur ECPA, au travers du SIRPA, future DICOD :
http://www.monsieur-legionnaire.com/parachutistes_coloniaux.htm
Si vous souhaitez faire connaître d’autres vidéos, nouvelles ou plus anciennes, n’hésitez pas à contacter notre président :
Colonel Michel Robardey :
Merci
15 Mai 2020 -Mot du Président de la section.
Chers camarades DPLV,
L’Association des DPLV subit les aléas du moment comme tout un chacun, voire un peu plus sérieusement que tout un chacun, compte tenu de la moyenne d’âge de ses ressortissants qui avoisine les 86 printemps.
Nous avons du prendre physiquement nos distances, annuler l’Assemblée générale de la section Languedoc-Nord prévue en mars et la renvoyer à l’automne, si cela est alors possible. De même le congrès national de l’Association prévu à La Rochelle en avril a été repoussé au 12 et 13 octobre de cette année, toujours à la Rochelle.
Cette distanciation matérielle a eu pour corollaire certains rapprochements virtuels. Ainsi, nos amis Denis HERBERT et le général de TAXIS ont eu à cœur de prendre des nouvelles de chacun des membres de notre section. Si la grande majorité a répondu a ces appels, quelques uns n’ont pu être contactés. Nous espérons qu’ils supportent les contraintes nouvelles dans de bonnes conditions.
Parmi les dispositions changeantes qui nous sont imposées, une troisième mouture de la dérogation aux règles de confinement a vu le jour. Celle-ci permet, sous conditions, de s’éloigner à plus de 100 kilomètres de chez soi. Après deux mois de confinement, beaucoup d’entre nous auront de réels motifs familiaux, médicaux ou autres pour se déplacer. Vous voudrez bien trouver ci-joint deux exemplaires de cette « DÉCLARATION DE DÉPLACEMENT » qui faciliteront vos démarches si vous ne disposez pas d’outils internet ou d’imprimante.
Vous souhaitant bonne réception, et surtout, souhaitant que cette correspondance vous trouvera en bonne santé, soyez assurés, chers amis, de nos sentiments les plus fidèles et les plus amicaux.
Colonel (e.r.) Michel ROBARDEY Président de la Section Languedoc-Nord des DPLV
14 Mai 2020 - COVID 19 : LH, ONM et Médaille de l'Engagement
Une promotion unique de l'Ordre National du Mérite et de la Légion d'honneur sera publiée le 1er janvier 2021, et non comme d'usage les 15 mai et 14 juillet.
Elle comprendra "une part importante de personnes ayant contribué à la lutte contre le virus à tous les niveaux et dans tous les domaines d'activité", selon la porte-parole du gouvernement.
Les récipiendaires auront oeuvré "dans le soin des malades, le dépistage, la recherche, le soutien de notre système de santé, la fabrication des produits de santé et de protection, la protection des plus fragiles, la poursuite d'une activité professionnelle et bénévole pour assurer le fonctionnement des services indispensables", a-t-elle énuméré.
Les propositions de décoration relatives aux personnels militaires d'active et de réserve seront également reportées et publiées, regroupées, au mois d'octobre.
La porte-parole du gouvernement a aussi annoncé qu'une "médaille de l'engagement face aux épidémies" serait "réactivée", afin de "récompenser les personnes qui se sont dévouées pendant la crise du Covid-19". Cette proposition avait été portée par un député manchois, Philippe Gosselin (LR), qui avait déposé une proposition de loi en ce sens fin mars.
Cette médaille avait été créée en mars 1885,à la suite de l'épidémie de choléra de 1884 et visait à "récompenser ceux qui se sont particulièrement dévoués pendant les périodes de maladie épidémique. Cette récompense avait disparu au début des années 1960. Elle pourra être décernée à titre individuel ou collectif et fera l'objet prochainement d'un décret qui la réactualisera.
24 Avril 2020 - Covid 19 - Partenariat national SMLH / Protection Civile
N'oublions pas que nous appartenons aussi à la SMLH
Voici ce que M. Guy Chateau, président de la section SMLH du Gard communique :
Début de citation
Nous avons reçu une information très intéressante sur le partenariat noué au niveau national avec la protection civile.
Vous trouverez ci-après les éléments clés de ce qui a été conclu.
« Dans la droite ligne de notre action d’entraide au profit des plus fragiles et isolés de nos sociétaires, le président national et la commission entraide solidarité (CES) vous invitent à exploiter au mieux une nouvelle opportunité, testée et validée depuis deux semaines et de façon optimale par la section de rattachement du docteur Hortala, présidente de la CES, en son département de l’Aveyron.
Il s’agit en l’espèce de profiter du soutien de la Protection Civile (https://www.protection-civile.org) qui se propose de nous accompagner sans la moindre hésitation dans notre action quotidienne auprès de nos sociétaires, les plus isolés notamment.
Dans cette optique, la coordinatrice nationale de la Protection Civile nous propose de soutenir la SMLH à l’échelle nationale :
- En cas de non-réponse d’un sociétaire à un appel de la section ou du comité et afin de déployer des secouristes pour une levée de doute,
- En cas de détresse, pour une aide psychologique par téléphone.
Un numéro de téléphone dédié est mis à notre disposition, ce numéro vert a été transmis aux présidents de sections.
Ce numéro peut bien entendu être communiqué aux sociétaires concernés en cas de détresse psychologique.
Le contenu des appels avec les personnels de la Protection Civile formés à l'Aide et à l'Écoute Psychologique (AEP) est strictement confidentiel. »
Après en avoir discuté avec Jean François Serrano et concerté le bureau de la section, j’ai pris contact avec le secrétaire général et le Président de l’antenne Gard de la Protection Civile. Ceux-ci avaient eu l’information sur le partenariat et y sont très favorables. Pour nous mettre en perspective d’un suivi commun de ce que nous pourrons faire ensemble dans le cadre de cet accord, nous avons pensé qu’il serait judicieux de centraliser vos remontées sur les ami(e)s Légionnaires à faire suivre sur deux personnes au niveau de la section :
- Jean François Serrano Vice Président Entraide au numéro : 06 08 88 76 35
- Guy Château Président au numéro : 04 66 63 40 64 ou 06 20 58 29 12
Je sais que vous vous êtes organisés pour faire le tour de vos adhérents, si vous avez un doute sur l’une ou l’un d’entre eux n’hésitez pas à nous le remonter. Nous profiterons du Numéro National pour alerter les équipes de la Protection Civile.
Concernant les comités n’ayant pas de Président (Beaucaire, Anduze, Bagnols sur Cèze) j’appellerai tous les membres ayant le téléphone pour faire le point avec eux de la situation.
Nous serons invités, en sortie de crise, à faire remonter au siège et à la Commission Entraide Solidarité les retours d’expérience de chacun en terme d'entraide de proximité.
Il va de soi que le dispositif mis en place conjointement par la SMLH et la Protection civile entrera pleinement dans le cadre de l’analyse de ces retours d’expériences dont le seul but est bien d’être encore meilleurs demain sur le terrain de l’entraide.
Si vous avez des questions ou des suggestions je suis bien évidemment à votre disposition
Guy CHATEAU
Fin de citation
20 Mars 2020 - CORONAVIRUS : serrons les rangs !
Chers amis,
Le confinement auquel nous sommes tous soumis désormais pour au moins deux semaines sera vécu dans des conditions très différenciées par nos compagnons DPLV.
Si nous vivons en couple, ou en famille, dans un pavillon avec jardin, cette période sera sans doute moins lourde que pour ceux d’entre nous qui devront se tenir enfermés, parfois seuls, dans un appartement ou dans un établissement spécialisé.
Le moment est venu plus que jamais de prendre des nouvelles les uns des autres et tout particulièrement de nos plus anciens. Profitons de cette immobilisation forcée pour téléphoner à ceux et à celles que nous connaissons bien mais aussi à ceux et à celles que nous connaissons peu.
Et n’oublions pas nos membres héritiers, souvent veuves et souvent seules.
Merci pour eux.
Bien fidèlement
Michel Robardey
14 Mars 2020 - CORONAVIRUS : report de notre AG 2020.
Chers amis DPLV,
Nous avions envisagé d’organiser l’Assemblée Générale 2020 de la section du Languedoc Nord
samedi 28 mars à partir de 9H45 à l’hôtel Vatel :
140 Rue Vatel, Nîmes, Gard, 30913 - 01 57 32 72 63
Dans les circonstances actuelles, il ne serait pas responsable, même si, hélas, nous n’aurions pas été plus de cent participants, de nous rassembler pendant quelques heures en une salle fermée.
Pensant à nos sociétaires les plus âgés et ayant pris l’avis de plusieurs d’entre nous, j’ai donc décidé de reporter notre Assemblée Générale annuelle à une date ultérieure. Cette date, qui vous sera précisée dès que connue, se situera très probablement au-delà des vacances d’été. En effet, nombreuses étant les associations et manifestations familiales reportant leur réunion au mois de mai ou juin, il est difficile aujourd’hui de trouver une salle avant juillet.
L’entreprise Vatel, qui nous reçoit dans les excellentes conditions que vous connaissez, ayant proposé très commercialement de nous rembourser l’avance déjà versée, ce qui prendra quelques jours, le trésorier de section sera en mesure, dès qu’il aura reçu ce retour, de rembourser le prix du repas aux adhérents qui le souhaiteront. Prendre contact pour cela avec notre trésorier :
Denis HERBERT – 7, impasse le Mistral - 30129-Manduel
Portable : 06 2145 17 73 - e-mail :
Dans le cas contraire, les sommes perçues lors de la réservation, resteront à valoir pour la prochaine AG.
Soyez assurés, chers camarades DPLV, de mon plus entier dévouement.
Le Colonel (e.r.) Michel ROBARDEY
Président de la Section Languedoc-Nord des DPLV
Le Président National, le Général Nicolas, et le président Section.
COMPTE-RENDU de l’A.G. D.P.L.V. - LANGUEDOC-NORD du 23 mars 2019
Le Président ROBARDEY accueille et remercie les membres présents, leurs épouses et leurs amis. Il se félicite de voir de nombreuses dames parmi l’assistance et, constatant que le quorum permettant de siéger utilement et légalement est atteint, déclare solennellement ouverte l’assemblée générale 2019 des D.P.L.V du Languedoc-Nord.
I. Communication du Président national
Le Général NICOLAS, président national des DPLV qui était attendu, malheureusement retenu par un emploi du temps très serré en cette période où les assemblées générales sont nombreuses , a tenu à adresser une communication qui est lue par le président de la section Languedoc Nord :
« Ne pouvant être présent parmi vous aujourd’hui pour votre AG, mon emploi du temps étant trop chargé, je le regrette sincèrement. Le contact direct avec les membres des DPLV m’est indispensable, car les appels téléphoniques et les mails échangés avec les responsables de chaque section ne me permettent pas de ressentir l’état d’esprit des membres de la section.
Or c’est cela qui compte, car les DPLV c’est une affaire d’hommes.Certes il faut veiller au bon fonctionnement de l’association mais cela ne suffit pas. Encore que, et vous l’avez tous su, il y a eu dans le passé des manques et des dérives au plus haut niveau. C’est de l’histoire ancienne et maintenant le siège fonctionne bien, à la satisfaction de toutes les sections.Le budget, grâce à l’effort exceptionnel fourni par toutes les sections, est remis sur les rails et nous avons des bases solides pour regarder l’avenir.
Lors du dernier congrès tenu en octobre à Bordeaux, plusieurs propositions ont été approuvées et notamment le lancement d’une réflexion sur le devenir des DPLV, ainsi que la demande d’obtention du label « intérêt général » pour les DPLV.Pour le devenir des DPLV, c’est le général Meille, secrétaire général, qui pilote cette étude. Les propositions ne devraient pas être présentées avant l’automne 2019.Quant au label « intérêt général » la requête, préparée par le colonel Dulou président de la section Aquitaine, a été remise aux autorités compétentes le mois dernier.
Dans les deux cas l’idée est la même : il faut absolument enrayer la baisse des effectifs. La ressource pour de nouveaux membres existe mais il faut aller la chercher. Il y a dans toutes les sections locales SMLH de nombreux militaires qui ont la Légion d’honneur et des citations. Pratiquement presque tous les DPLV sont membres de la SMLH. Il faut que l'inverse soit vrai, ce qui est loin d’être le cas.
Pour compenser en partie la baisse des effectifs, il faut encourager les dons et pour cela le label « intérêt général » pourrait nous aider, les dons étant alors déductibles des revenus déclarés à hauteur de 60 %.
Je vous ai parlé d’intendance, mais je n’oublie pas l’essentiel. C’est l’esprit des DPLV dont les membres ont tous accepté de risquer leur vie pour la France. Dans la période troublée déjà présente et qui risque fort de s’aggraver, nous aurons besoin de « l’esprit des DPLV » pour guider les jeunes et refuser de subir.
Je vous souhaite à tous une AG intéressante, efficace et joyeuse.
Général Bernard Nicolas »
2. Rapport moral
21. Evolution de la section en 2018:
L’Assemblée salue la mémoire des adhérents qui nous ont quittés depuis la dernière assemblée générale, et qui sont au nombre de huit. L’assistance observe une minute de silence en la mémoire des quatre membres titulaires et des deux membres héritiers disparus.
Louis ARNAUD, décédé le 15 avril 2018 ; Jean Paul FARAUD, décédé le 10 janvier 2019 ;
Michel FRY’S, décédé le 23 septembre 2018 ; Robert GAGET, décédé le 14 mai 2018 ;
Josette LEONARDON, décédée le 10 décembre 2018 ; Margueritte MAMECIER, décédée le 16 novembre 2018.
Les effectifs ont par ailleurs compté plusieurs départs, pour cause de déménagement ou démission, mais aussi hélas parfois de radiation pour cause de non-paiement de cotisation pendant deux années ou plus :
ont démissionné, pour cause de grand âge, de santé altérée, ou autre :
Hector GAY, Albert PLACIDE, Yves JAUME
Madame ANDRE souhaite se consacrer à l’association qui fut longtemps présidée par son défunt mari : l’association des membres du Mérite National ;
a déménagé et rejoint d’autres sections : Roland DOURS ;
ont été radiés pour non-paiement de cotisation : André-Marc HEBERT et Jean VERRA.
Puis, sont rapidement présentés - et accueillis pour ceux qui sont présents – les nouveaux adhérents :
Henri TARDOT qui vient de la section du Vaucluse, membre du conseil d’administration national des DPLV qui nous prie de l’excuser aujourd’hui ; Raymond LAMBIES dont le président salue la présence ainsi que celle de madame LAMBIES.
Avec une perte, toutes causes confondues, de treize membres, et un gain limité à deux membres, les effectifs de la Section sont désormais de 63 membres titulaires, 20 membres héritiers et deux membres associés soit un total de 85 adhérents.
Il apparaît donc plus que jamais nécessaire – comme l’a rappelé le général NICOLAS, président national il y a quelques instants - de poursuivre, sans désemparer une politique de recrutement active, voire très active.
22 Le prestige de l’Ordre National de la légion d’Honneur
Pour ce qui concerne le prestige de notre ordre, dont le maintien est un des buts de notre association, il apparait que la Légion d’Honneur n’a pas eu à souffrir cette année d’attaque notable. Au contraire, la remise à titre posthume, dans la Cour des Invalides et par le Président de la République de la Croix de Commandeur au Colonel BELTRAMME, érigé en héros national après le sacrifice suprême consenti à Trèbes, est de nature à situer ou resituer notre Ordre dans son essence et à sa juste place.
En ce qui concerne les autres récompenses, deux événements pourraient être rappelés :
D’une part, la création de la Médaille des Blessés et le rang qui lui est attribué, immédiatement après la Médaille de la Gendarmerie Nationale, c’est-à-dire, pour faire court, juste après les Croix de Guerre :
La première distribution de la controversée Médaille Nationale de Reconnaissance aux Victimes du Terrorisme qui, étant une décoration particulière n’ayant pas pour objet de récompenser des services rendus reste attribuée par décret du Président de la République, et prend de ce fait un rang protocolaire - le cinquième - jugé par beaucoup excessif en regard de l’absence de mérite personnel des récipiendaires.
23. Actions de la section en 2019:
Dans ce cadre, il nous faut redire, et redire encore, qu’il appartient aux membres de la Légion d’Honneur et particulièrement aux D.P.L.V de témoigner. Non de s’impliquer politiquement, mais de témoigner, de dire ce que nous sommes, ce que nous avons fait et pourquoi nous l’avons fait. Pour cela, il y a plusieurs possibilités :
il y a le bulletin que nous distribuions de manière bisannuelle et qui, en 2018, est devenu annuel, pour trois raisons:
Le coordinateur, le regretté colonel DUNAUD, cheville ouvrière et âme de cette publication, ayant disparu, avait vu le général de Taxis du Poët reprendre le flambeau. Celui-ci a présidé à la composition des derniers bulletins (recueil et tri des articles, correction, choix définitif en lien avec le comité de lecture, mise en page, etc). Mais l’âge est là et, ne se déplaçant plus de son domicile, tandis que les médecins lui imposent de se ménager, le général de Taxis du Poët est dans l’obligation de demander à être déchargé de cette responsabilité. Il est essentiel pour la continuité de ce bulletin qu’un volontaire prenne la relève.
Dans le même temps, le stock d’articles proposés par les adhérents s’épuise. Il devient difficile de composer un bulletin cohérent et diversifié.
Enfin, si, comme vous le verrez dans un instant, les finances de la section ne se portent pas mal, une saine gestion tendant à ne pas dépenser plus qu’on engrange nous a amené à nous limiter à un bulletin annuel.
Ce bulletin doit être largement distribué autour de nous, surtout s’il parait de nature à inciter certains légionnaires à rejoindre nos rangs. Les exemplaires des numéros 13,14 et 15 qui sont derrière vous sont à votre disposition à cet effet.
il y a les conférences et je sais que parmi vous un certain nombre d’adhérents font des conférences dans des établissements scolaires. Le président a bien conscience que ce n’est pas toujours facile à faire mais c’est une action qu’il faut promouvoir. A cet effet, l’ONAC étant sur le point de renouveler le troisième collège de son conseil départemental, c’est-à-dire le collège des associations participant à la sauvegarde du lien entre le monde combattant et la Nation, et le Président de section devant montrer l’exemple, j’ai décidé de postuler. Le Président de la section gardoise de la Société des Membres de la Légion d’honneur me fait l’amitié de présenter et soutenir cette candidature au titre de la SMLH. Alors mesdames, messieurs, chers camarades, n’hésitez pas à vous engager auprès des établissements scolaires et autres de votre choix.
24. Au titre du témoignage comme à celui de la reconnaissance,
Il parait aujourd’hui judicieux, comme nous l’avons fait pour la communauté harki, d’accueillir parmi nous, s’il l’accepte, un membre de communauté Hmong fortement implantée dans le Gard. Ce peuple a payé très cher sa fidélité à la France. Les quelques 2000 Hmongs, mal armés et mal équipés, qui ont pris en mai 1954 le chemin de Dien Ben Phu pour recueillir ceux de nos soldats qui auraient échappé à l’étreinte, ont été laminés par le Viet–Min. Le Président, après accord du bureau a l’honneur de mettre aux voix la motion suivante :
L’assemblée générale de la section Languedoc-Nord des DPLV décide d’accueillir en tant que membre associé un représentant de la communauté Hmongs.
La motion est adoptée à l’unanimité.
Puis, le président soumet le rapport moral à l’approbation de l’assemblée générale :
Le rapport moral est adopté.
3. Rapport financier
Le président rend ensuite publiquement un hommage appuyé au Trésorier qui présente une situation d’une clarté et d’une rigueur absolue. Les comptes ont été contrôlés par le vérificateur aux comptes de la section le Général de TAXIS du POET, en présence du Président Robardey.Lecture est donnée du rapport du Général de Taxis du Poët, vérificateur aux comptes relatif à l’exercice 2018, du 1er janvier au 31 décembre 2018 :
« Relevé des comptes : les comptes présentés sont clairement exposés par date pour chacune des opérations de recette et de dépense en cours d’exercice. Chaque opération justifiée. En recette : les opérations de cotisations, de dons, de subventions et de produits de manifestations. En dépense : versement au siège, frais de manifestations et de fonctionnement.Balance de l’exercice et trésorerie : la situation financière de fin d’exercice est fidèle au résultat d’opérations et en concordance avec les avoirs au 31 décembre 2018 tels qu’ils ont été annoncés à l’assemblée générale.Je n’ai pas d’autre remarque à formuler ».
Commentaires du Président : Le bureau a décidé de minorer les frais postaux en utilisant plus systématiquement Internet pour l’envoi de toute correspondance. Ainsi le compte-rendu de cette assemblée générale sera adressé par le net à tous ceux qui disposent d’une adresse mail et par la poste aux derniers réfractaires à l’ordinateur.
Le président soumet le rapport financier à l’approbation de l’assemblée générale,
Le rapport financier pour l’année 2019 est adopté.
Boutique : Il reste quelques cravates DPLV et des insignes qui sont à votre disposition :
Cravates : 23 € et Insignes : 10€
4. Au titre de la solidarité.
A l’approche du XXV° anniversaire du génocide rwandais, déclenché le 6 avril 1994 par un attentat qui a couté la vie à deux chefs d’état africains et leur suite, des accusations infondées continuent à être proférées par une clique à la solde de l’actuel dictateur rwandais qui cherche, de la sorte, à occulter ses propres crimes et sa responsabilité dans le génocide qui a suivi l’attentat.L’Association France Turquoise a pour objet de rassembler les militaires, anciens de l’Opération TURQUOISE au Rwanda (1994), mais aussi ceux des précédentes interventions militaires de la France dans ce pays, ainsi que les anciens coopérants (civils et militaires) et les sympathisants (civils et militaires) qui voudront se joindre à eux, autour des objectifs suivants :
◦Défendre et promouvoir, par tous les moyens appropriés, la mémoire et l’honneur de l’armée française et des militaires français ayant servi au Rwanda,
◦Participer, par tous les moyens appropriés, à l’établissement ou au rétablissement de la vérité sur l’action de l’armée française et des militaires français au Rwanda,
◦Défendre et promouvoir, par tous les moyens appropriés, les intérêts moraux, juridiques et sociaux de ces militaires, de leurs familles et ayant droits.
De nombreux procès en défense, ou en diffamation, ont été mené par les anciens de cette Opération Certains doivent toujours se défendre devant le Pôle génocide du tribunal de Paris. Une opération de communication très onéreuse, est en préparation pour rétablir la vérité lors du 25 ° anniversaire de l’opération en juin puis en octobre de cette année. Tout cela est très onéreux et le général Lafourcade, ancien commandant de l’Opération Turquoise menée par la France en 1994 pour tenter de sauver les vies qui pouvaient l’être encore, a lancé un appel de fonds auprès des associations sœurs. L’association des DPLV n’a pas été en mesure d’y répondre pour les raisons que vous connaissez. En revanche, vous avez constaté que, grâce au regretté Président Lanvers, notre section est loin d’être démunie. Le bureau propose donc, si l’Assemblée général l’approuve, de verser une subvention exceptionnelle de l’ordre de 2000 € à l’association France Turquoise.
Le Président, après accord du bureau a l’honneur de mettre aux voix la motion suivante :
« L’assemblée générale de la section Languedoc-Nord des DPLV décide d’accorder une subvention exceptionnelle de 2000 € à l’Association France Turquoise afin de lui permettre de défendre les militaires français injustement accusés et de rétablir la vérité sur leur action au Rwanda.
La motion est adoptée à l’unanimité.
5. Composition du Bureau
Le bureau se composait au jour de l’assemblée générale :
d’un Président : le Colonel ROBARDEY
d’un Secrétaire Général : poste vacant
d’un secrétaire : Jean Charles DUMAZER
du Trésorier : Denis HERBERT,
du coordinateur de bulletin : poste devenu vacant ;
du Porte-drapeau : Robert SAUVAGE,
du Porte-drapeau suppléant : poste vacant
1°) Il s’avère nécessaire de faire assister le secrétaire actuel notre ami Jean Charles DUMAZER ici présent dans sa tâche complexe par un secrétaire sachant manier a minima l’outil informatique, condition sine qua non aujourd’hui pour être efficace. Gerard COPIER qui contribue depuis longtemps à la parution du bulletin a bien voulu se porter volontaire et a été coopté par le bureau. Néanmoins sa nomination doit être validée par l’AG.
La motion est adoptée à l’unanimité.
Gerard COPIER est nommé secrétaire général de notre section
2°) Madame de la Brosse a souhaité cesser ses fonctions de « Dame d’Entraide ».
A la lecture des réponses qui nous sont faites aux convocations de l’Assemblée Générale, un certain nombre d’adhérents font état de certaines difficultés de tous ordres, dont le bureau n’avait pas toujours connaissance. Il apparait donc que les fonctions de Dame d’Entraide devaient être assurées au sein d’une Association telle que la nôtre de façon à garder le contact avec les personnes en difficulté pour éviter qu’elles perdent le contact avec l’association. Un appel à volontaire est lancé.
3°) Un appel à volontaire reste lancé pour assurer les fonctions Coordinateur du bulletin, ainsi que cela a été évoqué plus haut.
4°) Le Président remercie vivement Raymond LAMBIES qui, en fin d’assemblée générale, a fait acte de volontariat pour suppléer Robert SAUVAGE dans ses fonctions de porte-drapeau.
Le Président ayant mis sa composition aux voix, le bureau de la section Languedoc-Nord des DPLV est élu dans la composition suivante pour l’exercice 2018-2019 :
Président : Colonel ROBARDEY ;
Trésorier : Denis HERBERT ;
Secrétaire Général : Gérard COPIER
Secrétaire : Jean-Charles DUMAZER;
Coordinateur de bulletin et responsable de la communication : poste vacant ;
Vérificateur aux comptes : Général DE TAXIS DU POET ;
Dame d’Entraide : poste vacant ;
Porte-drapeau : Robert SAUVAGE,
Porte-drapeau suppléant : Raymond LAMBIES.
L’ordre du jour étant épuisé, le Président a clos l’Assemblée Générale 2019 de la section du Languedoc-Nord des Membres de la Légion d’Honneur Décorés au Péril de Leur Vie.
La conférence qui suit traditionnellement nos assemblées a eu lieu sous forme filmée du témoignage[1] poignant donné par le Colonel ALLAIRE, ancien sous-lieutenant à Dien Bien Phu.
Après un temps de méditation après la projection de ce film qui demande à reprendre un peu ses esprits, intervint le moment convivial traditionnel de l’apéritif et du repas.
Le Président de la section Languedoc-Nord
Michel ROBARDEY
[1]NOTA : On trouve désormais sur Amazon ce film qui mérite d’être très largement diffusé
Le président et le trésorier
Le coordinateur du bulletin, le général de Taxis de Poet